L'«initiative de paix» initiée par le n°1 de l'ex-Fis n'a pas été du goût des autres leaders de la mouvance. Deux mois après avoir initié un projet politique, qui disait-il «constitue une sorte de pacte politique national pour une véritable sortie de crise», Abassi Madani, le n°1 de l'ex-Fis, parti islamiste dissous en 1992, n'a toujours pas reçu d'écho favorable de la part des partis destinataires de son document, appelé «initiative de paix». Pire, la quasi-totalité des partis islamistes, les plus proches de l'option de concorde civile, n'ont pas répondu favorablement à Abassi Madani, et ne semblent pas prêts à le faire dans l'immédiat. Le motif de cette réticence, selon les propres états-majors du MSP, du MRN et de Nahda, les trois partis islamistes légaux présents sur l'échiquier politique national, est que l'ancien porte-parole du FIS veut faire bénéficier d'une loi amnistiante tous les terroristes qui sont encore aux maquis, condition jugée «inacceptable» par l'ensemble de la classe politique. Les partis islamistes, notamment le MSP, estiment que toutes les voies de recours ont été tentées en 1999 et 2000 pour «faire descendre les islamistes armés et les aider à réintégrer la société» et que ceux qui ont refusé l'offre de paix sont «des irréductibles du djihad avec lesquels il ne faut pas perdre de temps». L'autre motif, caché celui-là, est qu'ils pensent que Abassi Madadi est complètement dépassé par les événements et que son initiative aurait pu avoir une «bonne écoute» en 1993 ou 1994, mais qu'aujourd'hui, il ne faut plus s'attarder au sujet de groupes armés qui ont, depuis longtemps, quitté la «légalité religieuse» pour verser dans la criminalité pure. L'autre motif non avoué par les leaders islamistes semble aussi être celui de désavouer un chef islamiste qui les a complètement écrasés par son hégémonisme outrancier lorsque le FIS marchait comme un «rouleau-compresseur» entre 1989 et 1991. En termes clairs : Abassi Madani est sommé de ne pas compter sur eux, l'initiative de paix ayant de surcroît été rejetée par l'armée, «seule force aujourd'hui apte à faire barrage à toute velléité de retour à la scène politique légale de la part des leaders du parti dissous.» Les leaders du Fis encore à Alger étant soumis à des restrictions politiques et privées, pour certains, de leurs droits civiques, ceux à l'étranger se trouvant loin de la base islamiste, et donc très peu influents, c'était sur Abassi Madani que reposait l'espoir d'un retour du FIS à la légalité en consentant de faire des pas vers la concorde et la réconciliation politique. C'est à partir de son exil malaisien que l'ancien n°1 du Fis a concocté un plan d'attaque médiatisé à outrance grâce à la chaîne de télévision qatariote Al Jazeera, mais qui semble, sur le terrain, avoir lamentablement échoué. Le septuagénaire leader de la mouvance islamiste radicale en Algérie, sentant lui-même «le vent tourner», avait demandé à ses ex-compagnons du parti de l'excuser de ne pouvoir, désormais, porter la charge, de plus en plus lourde, d'un parti complètement atomisé.