Pour satisfaire sa demande en énergie, la Turquie compte renouveler son contrat de livraison en gaz algérien. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a affirmé hier à Alger que son pays compte renouveler le contrat de vente de gaz avec l'Algérie. Dans la journée, il a eu une rencontre avec le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, qui préside aussi la commission économique mixte entre les deux pays. Lors d'une rencontre avec la presse, Davutoglu a souligné qu'il est entré en contact téléphonique avec le ministre turc de l'Energie pour l'informer qu'un rendez-vous est pris avec Yousfi lors des prochaines semaines. Le contrat de vente de gaz est entré en application en 1994 et il expire dans deux ans. Les besoins de consommation de l'économie turque poussent le gouvernement à maintenir cette source d'approvisionnement. C'est même grâce aux hydrocarbures que le volume des échanges commerciaux dépasse 4 milliards de dollars. Lors de la rencontre d'hier, le ministre turc a précisé que sa visite à Alger est couronnée de succès, aussi bien en ce qui concerne le volet économique que ceux liés à la défense, à la culture et aux dossiers politiques. Il a abordé tous ces sujets lors de l'audience que lui a accordée hier le Président Abdelaziz Bouteflika. L'autre thème sur lequel le ministre s'est exprimé est lié à la défense. «Notre ambition est d'élargir la coopération entre les deux pays à d'autres domaines comme la lutte antiterroriste et la défense nationale», a-t-il dit. Les Turcs ont bien l'intention de passer à la production de l'armement en Algérie. Mais le ministre n'a pas donné d'autres détails sur le projet. Ahmet Davutoglu et son homologue, Mourad Medelci, ont tenu des séances de travail pour affirmer la volonté de l'Algérie et de la Turquie de renforcer et de développer leurs relations bilatérales. En dépit du volume des échanges commerciaux qui dépasse 4 milliards de dollars et des investissements turcs en Algérie estimés à 1 milliard de dollars, ces efforts restent insuffisants eu égard aux potentialités des deux pays, estiment les deux chefs de la diplomatie qui ont organisé une conférence de presse conjointe avant-hier. Les entretiens entre les deux parties ont permis de relever les obstacles qui se dressent devant les entrepreneurs, avait indiqué Medelci. Il a insisté, notamment sur les garanties bancaires et les visas accordés aux investisseurs turcs, outre la prise en charge sociale des travailleurs turcs en Algérie. Le ministre turc évoque même la possibilité de suppression des visas. Les deux parties ont aussi abordé de façon détaillée les facilités liées à certains services très importants, notamment celles liées aux transports aérien et maritime. Il a été convenu de la création d'un groupe de travail ministériel qui tient compte des nouvelles données et des moyens dont disposent les deux pays pour concrétiser des projets à même de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine des transports. Hier, le ministre s'est exprimé sur le dossier du Mali qui préoccupe son pays qui «tient beaucoup à la stabilité du continent africain». Ahmet Davutoglu a annoncé qu'il prévoit de visiter le Mali dès que l'opportunité lui sera offerte. L'un des signes d'intérêt de la Turquie pour le continent est que le pays y a ouvert 23 nouvelles ambassades en trois ans alors qu'elles n'étaient qu'au nombre de 13 auparavant. Le ministre turc considère que l'Algérie occupe une position stratégique en Afrique et que c'est même une fenêtre vers ce continent. Parmi les dossiers internationaux sur lesquels Ahmet Davutoglu a eu des échanges avec l'Algérie, on trouve la question syrienne. Même si les Turcs soutiennent la mission de Lakhdar Ibrahimi en vue d'une solution politique au conflit, ils doutent fort que Bachar Al Assad puisse répondre favorablement à ses sollicitations.