Les deux chefs de la diplomatie ont évoqué les questions régionales de l'heure. S'ils convergent sur la majorité des dossiers, notamment la Palestine ou le Mali, ce n'est pas le cas pour ce qui est du dossier syrien. Les responsables turcs ne cachent pas leur volonté de doubler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, pour les faire passer de quatre milliards de dollars actuellement à dix milliards de dollars. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, arrivé hier à Alger, a reconnu que les réserves de changes de l'Algérie, ainsi que le programme quinquennal intéressent grandement son pays. Dans une conférence de presse tenue conjointement avec Mourad Medelci, le ministre turc a rappelé que 160 entreprises turques étaient déjà présentes en Algérie, pour un investissement total estimé à un milliard de dollars. Toutefois, il a insisté sur les entraves soulevées par les hommes d'affaires turcs, notamment en ce qui concerne la procédure de délivrance de visas. Les deux pays ont convenu d'alléger ces procédures, en attendant la suppression pure et simple des visas, comme c'est le cas avec la Tunisie, par exemple. L'autre entrave a trait aux transports aérien et maritime. Les deux parties ont convenu d'installer un groupe de travail au niveau des ministères des Transports en vue de prendre en charge ce problème, qui pourrait permettre de passer à un volume d'échanges de plus de dix milliards de dollars. Même si le commerce domine la coopération entre les deux pays, des projets de grande envergure sont en cours, à l'image de l'usine de matériaux de construction sise à Bethioua et qui devrait bientôt entrer en production, ou encore les besoins sans cesse croissants de la Turquie en énergie. Les deux parties veulent élargir leur champ de coopération à d'autres domaines, particulièrement la lutte antiterroriste, la coopération militaire, notamment l'industrie militaire, mais aussi dans le domaine culturel où les Turcs montrent un grand intérêt pour le patrimoine commun. Ceci dit, les deux chefs de la diplomatie ont évoqué les questions régionales de l'heure. S'ils convergent sur la majorité des dossiers, notamment la Palestine ou le Mali, ce n'est pas le cas pour ce qui est du dossier syrien. Mourad Medelci évoque “la sensibilité de ce dossier pour la Turquie, de par sa proximité, tout comme est la sensibilité algérienne pour ce qui est du dossier malien, et avant lui celui de la Libye". Pour le chef de la diplomatie turque, son pays aura fait preuve de patience et de bonne volonté, mais, estimera-t-il, “il est très difficile de demander à un régime qui bombarde son peuple par avion de négocier". Une sorte de désaveu à ce que le chef de la diplomatie algérienne venait d'exprimer, en affirmant qu'il attendait beaucoup de l'initiative que devrait présenter dans les jours à venir Lakhdar Brahimi. Ahmet Davutoglu ira plus loin en justifiant l'appel lancé par son pays en direction de l'Otan en vue de déployer un bouclier antimissiles aux frontières avec la Syrie, affirmant que son pays se souciait de sa sécurité, notamment après l'incident de l'avion turc abattu et les innombrables violations de ses frontières. Les deux chefs de la diplomatie auront, d'ailleurs, l'occasion de débattre de cette question lors de leurs entretiens, mais surtout en décembre prochain lors du Forum arabo-turc prévu à Istanbul. Mais d'ores et déjà le ton est, d'un côté comme de l'autre, à l'optimisme quant au devenir de la coopération bilatérale. A B