Le personnage de Abane Ramadane, son rôle pendant la guerre de libération et son activité au sein du journal El Moudjahid ont été abordés, hier, par Réda Malek. D'emblée, le conférencier loue les qualités de Abane. «Il était un stratège, un rassembleur et un visionnaire», dira Réda Malek. Pour corroborer ses dires, Réda Malek cite l'exemple du congrès de la Soummam conçu et préparé par Abane. «La plate-forme de la Soummam a donné le vrai visage au FLN», déclare l'orateur en montrant que «même Soustelle a reconnu, après ce congrès, que la révolution algérienne est solide». Homme de conviction, Abane croyait qu'en Algérie l'indépendance allait s'arracher, contrairement aux voisins où l'indépendance a été octroyée à la Tunisie et au Maroc. Aux dirigeants français qui croyaient que le 1er-Novembre 54 était un simple soulèvement, Abane ripostait par une véritable stratégie de guerre. «Il a installé des assises solides de la révolution», indique le conférencier. Le rôle de Abane s'est confirmé également en transformant Alger en plaque tournante de la révolution. «Abane avec Krim et Amar Ouamrane ont procédé à la réorganisation des réseaux de collecte d'armement, d'argent et de médicaments», a rappelé Réda Malek. Le déplacement de Larbi Ben M'hidi de l'ouest du pays au centre a constitué un tandem très fort pour la révolution. Le conférencier a évoqué aussi la rencontre qui a eu lieu entre Abane, Benkhedda et Larbi Tebessi en décembre 1955. Abane a également joué un rôle d'intellectuel. «Il était chargé de l'information et de la communication pendant la guerre, jusqu'à son départ au Maroc en décembre 1956», précise l'orateur en annonçant que «Abane écrivait à El Moudjahid des articles sur le problème de l'Irlande du Nord». Lors de la crise du FLN à la veille du 1er Novembre 54, Abane a pu convaincre les centralistes de rejoindre l'aile révolutionnaire. Selon Réda Malek, ce n'est qu'en janvier 1957, que les ouléma ont adhéré à la révolution. Toutefois, les circonstances de la disparition de Abane demeurent, pour la majorité des Algériens, énigmatiques. Réda Malek s'est contenté de dire que «Abane est mort dans des circonstances difficiles». Aïssani, un ancien dirigeant pendant la guerre, a, lors de cette conférence, stigmatisé certains responsables dont Ben Bella qui ont semé le doute sur la personne de Abane. «Leurs déclarations ne pèsent rien devant la grandeur de cet homme», a-t-il remarqué. Il est à signaler que Abane était aussi le cofondateur d'El Moudjahid en compagnie de Benkhedda, Dahleb et Temmam. Créé en juin 1956, El Moudjahid était l'organe officiel du FLN. Après 1956, il consacra un numéro spécial à la plate-forme de la Soummam.
