M Benyounès situe les démocrates à la lisière des évènements nationaux et les islamistes au centre de la véritable arène. L'ex ministre des Travaux publics, Amara Benyounès, n'a pas de doute quant à la construction du pôle démocratique en Algérie. «Avec la formulation actuelle il est pratiquement impossible que nous puissions en tant que démocrates constituer une réelle alternative par rapport aux islamistes» Pour lui, tel que défini et conçu ce pôle restera une entreprise à fonds perdus. Il reproche à ses animateurs, du moins ceux qui s'en revendiquent à l'heure actuelle, le cachet qu'ils ont fini par imprimer à la mouvance républicaine. «Qui est en train d'homologuer les démocrates dans ce pays?» a-t-il dit. Plus précis il ajoute: «Redha Malek est un démocrate, Abdelhak Brerhi est un démocrate, Sid Ahmed Ghozali est un démocrate» avant de s'interroger «en quoi M.Brerhi est-il plus républicain que Ahmed Ouyahia ou Ali Benflis? «Plus vif, il clarifie sa pensée: «En ce qui me concerne personnellement, je ne peux pas croire que le FLN est un parti islamiste, de même que le RND n'est pas un parti républicain» Loin de prétendre constituer avec son parti, l'UDR, l'avant -garde républicaine ou démocratique, Amara Benyounès regrette de ce fait, le morcellement d'une entité qui aurait pu affronter les islamistes aussi bien sur le terrain politique que celui de la bataille électorale. «Par cet étiquetage on est parvenu à nous exclure mutuellement, ainsi les nationalistes ne sont plus républicains aux yeux des démocrates et vice versa» C'est pour cette raison que cet idéal est resté, selon lui, au stade d'une simple idée dix ans après son lancement. «Il faut voir où sont les islamistes et où se positionnent les démocrates?» Par ce questionnement, M.Benyounès replace les démocrates à la lisière des événements nationaux. Présents dans le maquis, dans les institutions et dans l'opposition, les islamistes occupent la véritable arène. «Les islamistes sont d'abord au maquis avec le GIA et le Gspc, ils sont dans l'opposition à travers le parti de Djaballah et ils sont dans le gouvernement par la grâce de l'entrisme du MSP.» «Quant aux démocrates, ils ne sont ni dans l'opposition ni dans le gouvernement. Ils se retrouvent totalement en marge de la scène où se déroulent les événements. Entre 1989 et 1991, le fis rassemblait toutes ces tendances. Après sa dissolution, la place a été reprise par Hamas suite aux élections présidentielles de 1995, Hamas chute et c'est Islah qui prend le relais. Ce qui fait dire à l'ex-ministre de la Santé qu'«il est évident, voire même impossible de les battre sur le plan électoral, sans un front républicain digne de ce nom». A propos de l'UDR, il dira la conviction à son niveau qu'il n'y a personne qui puisse se prévaloir du monopole de l'esprit républicain de même que celui de la démocratie. «Le concept, suivez-moi, marchez derrière, je suis le leader des républicains, ne passe plus, il a montré ses limites et la démarche a fait plus de tort que de bien.»