Lors de sa réunion hier à Bruxelles, l'Alliance atlantique a menacé la Syrie d'une intervention Damas a cependant réaffirmé lundi, «qu'elle ne fera pas usage de ce genre d'armes, si elle en possède, contre son peuple», selon une source au ministère des Affaires étrangères. L'Otan et les Etats-Unis ont averti avec force la Syrie contre le recours à des armes chimiques, qui serait «inacceptable» et entraînerait «une réaction internationale immédiate». «Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable», a prévenu le président américain Barack Obama lundi dans une allocution. Quelques heures plus tard, l'adjectif «inacceptable» a été repris par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, ainsi que par les ministres des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, et français Laurent Fabius. «Je m'attends à une réaction immédiate de la communauté internationale» si le régime de Bachar Al Assad utilisait des armes chimiques, a averti M. Rasmussen avant une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan à Bruxelles. Les craintes liées à ces armes ont brusquement refait surface ces dernières jours, alors que les forces rebelles mettaient en difficulté l'armée syrienne, notamment autour de l'aéroport de Damas. Les Etats-Unis sont «inquiets à l'idée qu'un régime de plus en plus assiégé (...) réfléchisse à l'utilisation d'armes chimiques contre les Syriens», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. Damas a cependant réaffirmé lundi «qu'elle ne fera pas usage de ce genre d'armes, si elle en possède, contre son peuple», selon une source au ministère des Affaires étrangères. L'arsenal chimique syrien est considéré comme l'un des plus importants du Moyen-Orient. Mais il reste difficile d'évaluer ses quantités et son état réel en raison de l'absence de données publiques le concernant. Cela a également été dit pour les armes de destruction massives irakiennes avant que l'on ne découvre qu'il n'en était rien. Dans ce contexte de tension accrue, les pays de l'Otan s'apprêtaient à donner, hier, une réponse positive à la demande de la Turquie de déployer des missiles Patriot à proximité de la frontière avec la Syrie. «La situation à la frontière sud-est de l'Otan est une source de grande inquiétude. La Turquie a demandé le soutien de l'Alliance. Et nous sommes totalement solidaires avec la Turquie», a dit M. Rasmussen. L'objectif de ces Patriot «sera totalement défensif» et ne «sera en aucune façon une manière de promouvoir une zone d'exclusion aérienne ou une quelconque opération offensive» en Syrie, a-t-il réitéré. Ces propos cherchent notamment à rassurer la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov devait déjeuner avec ses homologues de l'Otan. En visite à Istanbul, le président russe Vladimir Poutine a critiqué lundi le déploiement des Patriot, qui selon lui ne va «pas apaiser» les tensions avec la Syrie mais «au contraire l'exacerber». Une fois l'accord de l'Otan donné, il reviendra aux trois pays possédant des Patriot - Etats-Unis, Allemagne et Pays-Bas - de décider du nombre de batteries, de la date et de la durée de leur déploiement. En raison des délais nécessaires, liés notamment à l'approbation parlementaire en Allemagne, les Patriot devraient être opérationnels au cours du premier trimestre 2013, a souligné un diplomate. 300 à 400 soldats de ces pays pourraient être stationnés en Turquie afin de faire fonctionner les quatre à six batteries qui pourraient être déployées à Malatya, Diyarbakir et Sanliurfa, selon des sources militaires. En Syrie, la dégradation de la situation a poussé l'ONU à annoncer lundi qu'elle suspendait ses opérations, une décision suivie par l'Union européenne qui a décidé de réduire sa délégation au minimum.