Un hommage a été rendu vendredi à Paris à Mouloud Feraoun et à ses cinq compagnons assassinés le 15 mars 1962 à Alger par l'OAS, lors d'une cérémonie organisée par l'association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons. Dans une allocution au siège du ministère du Travail, en face même de la plaque commémorative gravée des noms des six anciens inspecteurs de l'éducation, le Vice-président de l'association, Michel Lambart, a affirmé que ces victimes ont été « sciemment choisies en fonction de leurs idéaux, de leurs responsabilités et de leurs origines », afin de « consommer la rupture entre la France et l'Algérie », alors que des négociations pour un cessez-le feu se poursuivaient à Evian. « Des sbires commandés par le lieutenant déserteur Roger Degueldre, sur ordre du général Salan, vous massacrèrent au nom de l'Algérie française, pour votre engagement dans les centres sociaux éducatifs en vous consacrant à l'éducation et à l'instruction des populations les plus défavorisées d'Algérie », a-t-il rappelé. Des participants à cet hommage ont fustigé, à l'occasion, les honneurs que la France continue à rendre à des anciens de l'OAS ou à des officiers déserteurs ayant, à une époque ou une autre, rejoint l'organisation terroriste. Le président de l'association française pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS, M. Jean-François Gavoury, a regretté le « positionnement » du ministre délégué aux anciens combattants sur la question mémorielle, lors d'une cérémonie au Mémorial national du Quai Branly. « Le ministre a, une fois de plus, une fois de trop, réaffirmé son opposition à l'expression de toute forme de repentance à l'égard des crimes liés à la colonisation », a-t-il déploré, estimant que cela « n'est pas une erreur, mais une véritable faute, puisque cette déclaration (à) est intervenue 15 jours avant le déplacement du président Hollande en Algérie ». M. Gavoury, dont le père Roger, commissaire principal d'Alger, a été assassiné par l'OAS, a aussi critiqué l'hommage rendu récemment par le ministère français de la Défense au général Bigeard. « C'est un signal négatif du gouvernement, d'autant plus que l'évènement s'est déroulé en présence de deux ministres de la République et d'un membre du Conseil constitutionnel, Giscard d'Estaing, qui est sorti de son rôle dans la mesure où un membre du Conseil doit se garder de participer à des manifestations partisanes », a-t-il dit. L'avocate Nicole Rein a, de son côté, fustigé les honneurs rendus aux anciens de l'OAS, estimant que le fait de « rendre hommage au défunt Feraoun et à ses compagnons est un premier geste d'amitié entre l'Algérie et la France ». « Par contre, qu'on aille honorer Bigeard, qui a pratiqué la torture pendant la guerre d'Algérie, c'est quelque chose qui me heurte et qui heurte les Français », a-t-elle affirmé. « Si l'image de la France est ainsi ternie, il ne peut y avoir d'amitié entre la France et l'Algérie. Cette amitié ne peut pas se faire à fond. Par contre, la reconnaissance de ceux qui ont été des victimes est le premier geste d'honneur qui en appelle d'autres », a-t-elle conclu.