Dans La Bataille de Marignane, suivi de Mort pour la France, paru aux �ditions Tir�sias en 2006, deux fils de victimes des crimes de l�OAS, Jean- Philippe Ould Aoudia et Jean-Fran�ois Gavoury, reviennent sur deux �v�nements qui firent en mars 2005 la Une de la presse alg�rienne, l�affaire de Marignane et la loi fran�aise du 23 f�vrier 2005. C�est dans la collection Ces oubli�s de l�histoireaux �ditions Tir�sias que les auteurs ont choisi d��voquer et d�honorer la m�moire de leurs p�res. Une m�moire bafou�e en France par le n�gationnisme des tenants toujours influents de l�Alg�rie fran�aise. Une tentative de d�tournement de la m�moire des victimes de la haine au profit de celle de leurs bourreaux. Jean-Philippe Ould Aoudia est le fils de Salah Henri Ould Aoudia, l�un des dirigeants des centres sociaux �ducatifs fond�s par Germaine Tillon en 1955, assassin� par l�OAS le 15 mars 1962. Mouloud Ferraoun, Max Marchand furent de ceux qui tomb�rent ce jour-l� sous les balles des tueurs. Trois Fran�ais, trois Alg�riens �uvrant au rapprochement des communaut�s. Jean-Fran�ois Gavoury est le fils du commissaire divisionnaire Roger Gavoury assassin� par l�OAS le 31 mai 1961. L�un et l�autre unissent aujourd�hui leur plume pour d�noncer la r�surgence de l�OAS dans le champ politique fran�ais en perte de rep�res �thiques : �Tout semble se passer comme au temps de l�Alg�rie fran�aise o� le lobby d�Alger dictait sa loi � Paris�. Le 6 juillet 2005 d�marre ce que l�on appellera l�affaire de Marignane, un projet d��l�vation d�une st�le pro OAS avec la complicit� du maire, pass� successivement des Lep�nistes aux M�gretistes puis � l�UMP. Il ne s�agit en fait que d�un �ni�me monument � la gloire des quatre condamn�s � mort de l�OAS - Bastien-Thiry, Degueldre, Devocar et Piegts - parmi ceux qui, le long de la c�te m�diterran�enne, de Nice � Perpignan, honorent la m�moire des criminels en les transformant en r�sistants patriotes. Un monument de trop pour les fils de leurs victimes qui se livrent dans cet ouvrage � un r�quisitoire contre cette France nostalgique de l�Alg�rie coloniale. Jean-Philippe Ould Aoudia d�monte toute l�affaire de Marignane avec ses complicit�s parmi les politiciens complaisants. Il n�omet ni les efforts, ni les protestations de tous ceux qui se mobiliseront contre cette forfaiture dont la Ligue des droits de l�homme, le Mrap, des historiens, quelques parlementaires et diverses associations. Il retrace le meurtre pr�m�dit� des six enseignants, le proc�s des assassins et leur curriculum vitae tout comme Jean- Fran�ois Gavoury �voque la carri�re de son p�re : �connu pour s��tre oppos� aux militaires dans le but d��viter des actions trop brutales�, l�enqu�te et le jugement des meurtriers. Il s�interroge aussi sur les cons�quences de l�amnistie dont avaient b�n�fici� les dirigeants et les ex�cutants de l�OAS, et sur l�amn�sie collective que cette amnistie aurait entra�n�e. L�un et l�autre, enfin, d�noncent la loi du 23 f�vrier 2005 qui officialise la r�habilitation de l�Organisation et de ses membres en r�pondant favorablement aux demandes du lobby Alg�rie fran�aise. Un chapitre consacre une �tude exhaustive � cette loi, un document pr�cieux pour tous ceux qui souhaitent comprendre les tenants et les aboutissants des enjeux m�moriels. Aujourd�hui, gr�ce � la vigilance des enseignants, des historiens, des associations de citoyens qui refusent une histoire officielle, le deuxi�me alin�a de l�article 4 de la loi du 23 f�vrier 2005, imposant la reconnaissance du r�le positif de la colonisation dans les programmes scolaires, a �t� abrog�. Cependant subsistent les autres articles �dont le 13e et dernier au seul b�n�fice d�anciens de l�OAS dont nombre �taient tueurs.� Il ressort de ce travail de m�moire qui est aussi un cri d�alarme et une injonction de r�habilitation du devoir de v�rit�, un constat accablant : �La France demeure en effet la seule, avec le Japon, � refuser tout regard critique sur l��poque de ses conqu�tes coloniales et cela par peur d�un risque �lectoral.� M. N (*) La Bataille de Marignane, 6 juillet 2005, La r�publique aujourd�hui face � l�OAS par Jean-Philippe Ould Aoudia, suivi de Mort pour la France, 31 mai 1961-Alger par Jean-Fran�ois Gavoury, Editions Tir�sias, 2006. Pr�face de Pierre Joxe