C'est (...) un gouvernement fragilisé qui sort d'une séquence marquée par le désaccord public entre le Premier ministre socialiste, Jean-Marc Ayrault, et son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Sept mois après l'élection de François Hollande, le climat en France est lourd d'incertitudes entre un exécutif affaibli par sa gestion erratique du dossier ArcelorMittal, qui se voulait le symbole d'une politique industrielle de gauche, et une droite déchirée, tandis que l'extrême droite est à l'affût. Dans un contexte de déprime économique et sociale, trois législatives partielles devraient donner aujourd'hui des indices sur l'état de l'opinion que les sondages disent profondément déçus de l'équipe au pouvoir et très critiques envers les querelles de chefs au sein de l'UMP, le premier parti d'opposition. Le principal résultat «risque d'être une très forte abstention», estime le politologue Emmanuel Rivière. Mais le score du Front National, le parti d'extrême droite de Marine Le Pen qui engrange traditionnellement de nombreux votes protestataires et avait réuni 18% des voix à la présidentielle, sera aussi examiné à la loupe. C'est en tous cas un gouvernement fragilisé qui sort d'une séquence marquée par le désaccord public entre le Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault et son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. M.Ayrault a laissé ce dernier s'engager très en avant vers la solution d'une «prise de contrôle temporaire» par l'Etat, dans l'attente d'un repreneur, de l'usine sidérurgique ArcelorMittal de Florange (est) dont les haut-fourneaux sont menacés de fermeture, avant de le désavouer sèchement au nom du réalisme économique et d'annoncer un accord avec Mittal censé préserver l'avenir du site. En outre pendant plusieurs jours, le flou et les non-dits sur cet accord - qui ne lève pas toutes les incertitudes sur l'avenir des hauts-fourneaux - ont nourri la colère des salariés d'ArcelorMittal. Ils ont aussi désorienté l'opinion, majoritairement favorable à une nationalisation temporaire de Florange au nom de la défense de la sidérurgie française autrefois florissante et aujourd'hui moribonde. Deux ministres socialistes, ceux de l'Economie sociale Benoît Hamon et de la Culture, Aurélie Filipetti, ont exprimé leur mauvaise humeur sur la stratégie adoptée. Au final François Hollande a dû voler au secours de son Premier ministre pour se porter garant de l'accord signé avec ArcelorMittal, et notamment de la mise en oeuvre future à Florange du projet européen Ulcos destiné à réduire l'émission de gaz carbonique lors de la production d'acier. Mais son image est sortie affaiblie de l'épisode: soupçonné ne pas savoir trancher à temps dans le vif, il est aussi accusé de trahir ses promesses et de s'éloigner de la politique de gauche pour laquelle il a été élu. En février, durant la campagne présidentielle, le candidat socialiste s'était engagé devant les ouvriers de Florange à faire voter une loi contraignant une grande firme qui ne veut plus d'une unité de production «à la céder à un repreneur». Cette loi réclamée n'a toujours pas vu le jour. Le gouvernement a aussi été confronté cette semaine aux accusations portées contre le ministre du Budget Jérôme Cahuzac par le média en ligne Médiapart, selon lequel il aurait détenu un compte secret en Suisse. M. Cahuzac, qui nie catégoriquement, a porté plainte pour diffamation et une information préliminaire a été ouverte par la justice. Cette affaire, la première du quinquennat, n'a cependant pas connu le retentissement qu'elle aurait pu avoir si l'UMP, le principal parti de droite, n'était pas occupée à trouver une issue à la crise dans laquelle elle est plongée depuis trois semaines. Avec en toile de fond la perspective de la présidentielle de 2017.