Le MSP ira aux élections mais ne dit pas comment. Lors d'une réunion-bilan à laquelle la presse fut conviée, Menasra, vice-président du parti, a fait une évaluation critique de l'année 2003. Il en ressort un violent réquisitoire contre le mandat Bouteflika et un fort relent d'allégeance à Taleb, dont le parti wafa n'est pas encore agréé. Le MSP se projette déjà dans la course à la présidentielle de 2004 même s'il en conditionne le bon déroulement à la levée de l'état d'urgence. Ce dernier, selon de hauts gradés de l'ANP que le MSP aurait approchés, «n'a plus aucune raison d'être». Une grande muette, dont le silence, fait-on savoir au MSP, ne doit en rien laisser perplexe la classe politique qui doit au contraire aller en rangs unis vers l'importante échéance électorale afin d'imposer le changement. Ce parti donne finalement l'impression de rompre avec son entrisme traditionnel en se plaçant en porte-à-faux par rapport à certaines questions qui agitent la scène politique nationale. Ainsi en est-il de la guerre FLN-FLN qu'il réduit à une simple «rivalité pour la chaise» et n'engage en rien un quelconque enjeu déterminant en termes de contenu pour le pays. Le tout étant une question de zaâimisme qui détourne du vrai débat. A ce propos, Menasra a clairement signifié que l'année 2003 fut celle des congrès qui furent de deux sortes: «ceux qui consacrent la démocratie et ceux qui consacrent la division» ; allusion au huitième congrès du FLN, à l'origine de «la discorde». Un FLN qui aurait tout intérêt à prendre exemple sur le MSP dont «le congrès fut une vraie réussite, nonobstant les mauvaises langues; une réussite due dans une large mesure, au principe de choura qui guide les choix du parti et qui en fait un véritable réceptacle d'idées et d'énergies quelles que soient leurs tendances, au grand bénéfice du pays». D'autre part, et à en croire le porte-parole du MSP, la crise du FLN n'est que le reflet de luttes intestines qui minent le système et qui met à nu le paradoxe, devenu courant en Algérie et qui veut que «la majorité au sénat soit marginalisée ou bascule dans l'opposition alors que la minorité gouverne», étayera-t-il non sans dire que c'est là une logique dont l'Algérie doit se débarrasser au plus vite, pour son plus grand bien. Ainsi le MSP passe en revue une série d'occasions manquées et qui auraient, utilisées autrement, fait toute la différence du bilan actuel de toute une année; dont celui «raté» de la concorde nationale, brandie auparavant comme promesse électorale», et celui de la crise en Kabylie devenue chronique du fait de l'inconséquence des politiques qui en font désormais un atout électoral quitte à laisser en jachère toute une partie du territoire national. Corollaire naturel de cette situation qui perdure: les élections partielles auxquelles le MSP appelle de tous ses voeux «même si fraude il y a, car préférables à la gestion administrative». D'autant plus que s'annonce l'important rendez-vous de la présidentielle de 2004. L'autre dossier épineux et demeuré en souffrance que signale le MSP n'est autre que celui des disparus : puisqu'«aucune réponse n'y est pour l'heure apportée». Mais le MSP s'insurge surtout sur le fait que les autorités n'aient pas accordé d'agrément à certains partis politiques et associations. «Un droit confisqué», y relève-t-on comme anomalie flagrante en démocratie. En conclusion, le MSP se désole de voir autant d'argent dans les caisses de l'Etat alors que le seuil minimum de la relance économique n'est pas encore atteint.