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"On refuse un nouveau dictateur"
KHALED EL HEGGAR, REALISATEUR EGYPTIEN, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 19 - 12 - 2012

Il a à son actif six longs métrages et plusieurs feuilletons télés. Lundi, à la cinémathèque d'Oran, il a présenté dans le cadre du Festival d'Oran du film arabe, son dernier film Shawk (love) avec la célèbre actrice Sawsan Badr, couronnée du Prix de la meilleure interprétation féminine au Festival du Caire. Un film nominé aussi aux oscars et qui narre la terrible histoire d'une femme qui cherche par tous les moyens à assurer une meilleure vie à ses enfants pour qu'ils ne revivent pas le même scenario de vie qu'elle a vécu. Cette dernière avait quitté à l'époque sa famille de condition sociale bien plus aisée que celle de son amoureux. Elle est poussée à la mendicité afin de payer la dialyse de son fils qui finira par mourir. Ses deux filles se révoltent à la fin contre cette mère tyrannique, manipulatrice et qui plus est, lit dans le marc de café. Un film puissant, tragique, touchant et bien fait. Une belle mise en scène partagée entre la mélancolique Alexandrie et l'ombrageuse et tumultueuse ville du Caire. Les scènes de mendicité se distinguent par un filmage tourné dans un style reportage pour accentuer l'effet du réel, et nous faire pénétrer de sang-froid dans la plaie qui mine la société égyptienne. Cette lèpre qui est mise à nu dans ce film, la misère accrue dont souffre une bonne partie des Egyptiens. Produit croit -on par la boîte de production de Rachid Bouchareb, Shawk est le seul film, plus potable et prenant que nous avons vu jusqu'à présent.
L'Expression: Vous êtes maintenant en Algérie, vous avez laissé l'Egypte dans un contexte politique des plus alarmants et notamment en pleine période de référendum et d'effervescence populaire. Dans quel état d'esprit peut-on être aujourd'hui pour un cinéaste égyptien?
Khaled El Heggar: Je suis totalement contre cette Constitution. Jeudi, on est tous sortis, mes amis et moi sur la place Tahrir pour riposter contre la tenue de ce référendum. L'idée n'est pas d'être contre les articles de cette Constitution, mais le problème est que les Frères musulmans sont pressés de tout faire basculer en Egypte afin de gagner encore plus de terrain. Cette Constitution ne sert pas le peuple, mais les Frères musulmans. Et cette manière de procéder dans la précipitation démontre qu'ils ont bien une idée derrière la tête, ils veulent prendre entièrement le pouvoir et «ihwaniser» le pays. Mon coeur est bien sûr avec l'Egypte. Hier, j'ai écrit sur Facebook, la chose suivante, en s'adressant à Morsi: «Tu n'es pas mon président, et vous n'êtes pas mes frères. Ce n'est pas mon Islam et ce n'est pas ma constitution.» C'est sorti dans le journal El Chourouk. Plusieurs artistes égyptiens ont partagé le lien par solidarité et conviction. On est contre le principe qu'utilisent les Frères musulmans et qui tend à détruire l'Egypte.
On peut dire que votre film qui témoigne d'une aspiration à une meilleure vie, est un cri contre le mal-être et la situation socio-économique qui prévalait lors du règne de Moubarak?
Le film est sorti dans les salles avant la révolution, le 05 janvier 2011. Et la révolution a eu lieu le 15 janvier. Il a été tourné en 2010 et distribué en 2011. Beaucoup de gens ont cru que ce film annonçait la révolution. Car le film présente ou montre, à travers une famille d'Alexandrie, combien la femme subit la rue, elle va mendier pour justement répondre aux besoins de sa famille, le bien de ses filles dans le but d'améliorer leurs conditions de vie. Elle va partir mendier donc au Caire, et ramener de l'argent afin de marier ses filles à de meilleurs prétendants et ce, après la mort de son jeune fils atteint d'une infection rénale. C'est une histoire vraie. En Egypte, il y a beaucoup de mendiants.
Pensez-vous que ces gens justement, qui n'ont pas de quoi se nourrir, ont un regard politique sur la révolution?
Ce n'est pas tout le monde qui possède un regard politique ou qui s' y intéresse. Nous possédons plus une vision sociale des choses. A chaque fois que l'injustice augmente, tu incombes la faute automatiquement à tes gouvernants. On est dans la légitimé de se demander pourquoi il y a tant de mendiants et d'enfants dans la rue, y compris les femmes. Personne ne s'en préoccupe. Il y a même des jeunes filles et des filles en bas âge qui vendent des serviettes, assises à même le sol, au péril de leur vie. Cela s'est propagé d'une façon qui fait peur. Des enfants dans la rue, je n'en ai jamais vus autant. Cela s'est multiplié ces cinq dernières années.
La différence entre les pauvres et les riches est devenue grande et ce, depuis ces dix dernières années. Les Frères musulmans n'ont rien fait depuis deux ans. Ils ont trahi la révolution. Au contraire, les choses se sont dégradées. Ils ont pris le pouvoir par traîtrise. Heureusement que les gens ont pris rapidement conscience de la supercherie. Le peuple égyptien est lucide. Quand vous voyez qu'un gouvernement vous ment et élit successivement des gens du parti islamiste, cela saute aux yeux.
Comment expliquez-vous que la plupart des gens ont voté pour le parti des Frères musulmans donc?
C'est ce qui arrive après chaque révolution, les gens font confiance aux structures les plus organisées. Les frères jouissaient en plus d'une forte popularité. Ils aidaient les gens. Mais tout ceci était dans un but précis, celui d'arriver au pouvoir. Quand ils ont atteint leurs objectifs, ils ont oublié leurs promesses. Les riches n'ont pas besoin d'eux, mais les pauvres si. Ce sont eux qui ont voté pour ces gens. Résultat des courses: la pauvreté a augmenté. Les ordures sont partout au Caire. Vous vous rendez compte qu'un président fait sa prière du vendredi en mobilisant une armada de policiers qui coûte au pays six millions de guinées pour assurer seulement sa sécurité. On s'est rendu compte que Morsi était pire que Moubarak. Celui-là n'était pas violent, contrairement à ce nouveau président. Des millions de gens sont sortis dans la rue. Les Frères musulmans ont envoyé leurs baltaguiya pour frapper et tuer des jeunes. Un journaliste appelé Aboudif a reçu une balle en pleine tête. Il a été assassiné, car il prenait en photo les islamistes armés. Ils mentent au nom de Dieu, au nom du Coran, et même en mon nom. Ils disent que huit sont morts et ce sont tous des islamistes. Ce n'est pas vrai. Il y avait aussi parmi eux un chrétien. Comment peut-il être un islamiste? Ces gens passent leur temps à nous tromper. Au final, on a l'impression de ne pas avoir fait de révolution. Plus de mille jeunes sont morts pour qu'ils nous ramènent un pouvoir encore plus pourri que le précédent. C'est ignoble. Mais le peuple ne va pas se taire. C'est lui qui va gagner à la fin. J'y crois. Ni les Turcs, ni les Romains, ni les Français ou les Anglais n'ont réussi à coloniser vraiment l'Egypte, c'est impossible qu'un groupe pareil puisse venir coloniser l'Egypte avec son histoire des plus riches. C'est bien ce qui est arrivé après, car les jeunes aujourd'hui sont pourvus d'une réelle conscience politique. Ils savent aujourd'hui qui est en train de les tromper. Ils n'accepteront aucun nouveau dictateur. Ils ne croiront plus jamais personne, car ils ont vu leurs amis mourir devant leurs yeux. Sans liberté, la vie n'a plus aucun sens.
Quels sont vos projets? Un film justement dans le cadre de ce fameux printemps arabe?
Apres ce film, j'ai réalisé des feuilletons dont un qui s'appelle El baltagui sur ces jeunes envoyés par le gouvernement de Moubarak. Actuellement, je prépare un film qui s'appelle La Peur sur les gens qui avaient peur de descendre manifester. Ce sera un long métrage. Je prépare aussi un feuilleton sur les immigrés syriens en Egypte.
Des projets de coproduction avec l'Algérie?
Je voudrais bien. J'ai pas mal d'amis algériens dont Rachid Benhadj, Safy Boutella avec lequel j'ai travaillé sur mon film tourné en Angleterre Room to rent. Il avait assuré toute la musique du film.
Peut-on dire enfin que le rôle de la mère despotique, qui est assez dure dans Shawk, symbolise un peu le pouvoir?
Elle symbolise la personne qui utilise mal ce pouvoir qu'elle possède et ce, en faisant de mauvais choix. C'est une autorité a qui se détruit et détruit les gens que tu aimes. Fatma, l'héroïne du film (Sawsan Badr, Ndlr) a acheté tout le quartier avec son argent pour qu'elle puisse le contrôler à sa guise, mais comme ça les gens ne peuvent pas vraiment te protéger, car il manque l'amour (d'ou le titre du film, équation entre le prénom de la fille de Fatma et l'amour en général, Ndlr). C'est celui-là qui régente la vie.


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