Quand les parents hésitent à faire plaisir à leurs enfants par peur de «déroger aux règles de leur religion». C'est sûrement exagéré de dire que faire plaisir à ses enfants en faisant la fête avec eux, en leur offrant quelques moments de bonheur, des cadeaux, des plaisirs, revient à dire qu'on les fait dévier des règles de notre tradition, de notre religion, mais c'est souvent le cas ou du moins ce dont a peur la plupart des parents qui s'en trouvent déroutés. Ces dernières années, une grande polémique est justement née autour de cette question : pourquoi célébrer des fêtes qui ne sont pas les nôtres? La réponse est en fait toute simple : notre pays a connu tellement de misères et de souffrances - et il en connaît encore - que son peuple - et surtout la jeune génération - a tendance à s'agripper à tout ce qui pourrait l'en faire sortir ou du moins égayer un peu sa triste vie. De ce fait, ce sont surtout nos enfants qui ont besoin de cette bouée de sauvetage, de cette bouffée d'oxygène qui certes ne sont pas d'ici, qui nous viennent d'ailleurs, mais qui apportent malgré tout un peu de joie et de bonheur dans leur vie, une vie que les adultes veulent étouffer. La parabole, le satellite, le numérique, les médias... y sont certes pour beaucoup, mais c'est surtout la tristesse de notre vie, la méchanceté de nos adultes et la complexité de notre entourage qui ont fait que nos enfants préfèrent s'identifier aux autres, vivre cette vie faite d'innocence et d'insouciance, que n'importe quel enfant, quelles que soient son identité, sa nationalité ou sa religion, devrait vivre. En voulant célébrer Noël, ils veulent surtout recevoir des cadeaux, en fêtant le jour de l'An, ils veulent se gaver de bonbons et de sucreries et souhaiter la bienvenue à une nouvelle année qu'ils voudraient plus prospère, avec moins de guerre et de misère, avec la Saint-Valentin, ils espèrent prouver au monde adulte que l'amour existe envers et contre tous, qu'il peut triompher et qu'il doit triompher...C'est plutôt cette symbolique qu'il faudrait lire à travers ce genre de comportement de la part d'une génération qui commence peu à peu à perdre ses repères, en l'absence d'adultes responsables et consciencieux capables de l'orienter au lieu de la désorienter. Pourquoi voir dans ces gestes simples et innocents une menace ou un blasphème? Pourquoi plutôt ne pas contribuer à l'épanouissement de nos enfants tout en leur expliquant ce qui est à nous et ce qui ne l'est pas. Il ne faut surtout pas froisser leur innocence, ni brusquer leur imaginaire, mais au contraire les suivre dans leur raisonnement tout en les orientant habilement et intelligemment vers ce qui est leur vraie identité, leur véritable religion, cette religion qui n'est pas cette violence, cette intolérance ni ce rejet de l'autre qu'on nous fait voir tout le temps mais plutôt source de justice, de bonheur et d'amour. Au seuil de cette nouvelle année 2004, qui va faire irruption dans notre vie, aussi bien ici qu'ailleurs, quel mal y aurait-il à permettre à nos enfants de fêter une année qu'ils espèrent plus prospère et plus sereine, sans aucune connotation d'aucun ordre, et à nous, parents, de leur faire savoir que chez nous, notre culture est plus riche puisque nous fêtons aussi et surtout Yennayer, El-Maoulid Ennabaoui, l'Aïd Esseghir, l'Aïd El-Adha, Achoura... A nous de faire de leur monde un monde meilleur en leur montrant la beauté de notre islam, mais le vrai islam.