A force de vouloir s'assurer les faveurs du vieux parti, la crise que vit le pays s'est intensifiée. La crise au parti majoritaire qui a déjà éclipsé toute l'actualité nationale risque de connaître un basculement dangereux, demain. A partir de cette date, un libre choix sera laissé à la base du FLN pour s'exprimer comme elle l'entend, tout en restant dans le cadre pacifique. «On va mener des actions de mécontentement et notre base a le libre choix d'opter pour la manière qu'elle juge opportune», a déclaré, hier, Abdelkader Saâdi, membre du bureau politique du FLN. «Dimanche (demain, Ndlr) sera le début de ces manifestations qui seront menées sur tout le territoire national par nos militants et sympathisants, elles concerneront les sièges de daïra, les sièges de wilaya et les places publiques. C'est probablement à Alger que ces manifestations vont démarrer», a ajouté la même source. Il semble que c'est l'une des mesures qui aient été arrêtées par le conseil de coordination lors de sa réunion juste après le verdict de la chambre administrative de la cour d'Alger, le 30 décembre dernier. «Ceux qui nous reprochent que la base du FLN conteste la direction issue du 8e congrès le constateront d'eux-mêmes sur le terrain», ajoutera-t-il. Plus qu'une démonstration, la direction du FLN opte pour un coup de force, quitte à se frotter aux hommes de Zerhouni. «Nos militants ne seront pas lâchés seuls sur le terrain, ils seront structurés et encadrés», a précisé M.Saâdi qui ajoute : «S'ils veulent mettre des milliers de personnes chaque jour en prison, ils n'ont qu'à le faire.» Après une condamnation unanime du gel des activités du FLN, la classe politique a manifesté son soutien à M.Benflis. Il reste que le dispositif de réplique échafaudé par le FLN pour prémunir le parti contre la dérive comporte des risques pouvant aller au-delà des affrontements. Il faut rappeler à ce sujet que ce n'est pas la première fois que le FLN menace d'avoir recours à la rue, depuis le début de la crise. A la veille de la rencontre programmée par les redresseurs du 14 août 2003, le parti de Benflis avait annoncé une marche à Alger et des manifestations sur l'ensemble du territoire national. La manifestation devait avoir lieu avant, pendant et après la réunion du groupe de Hadjar à Alger. De son côté, interrogé par les journalistes à Aïn Defla où il se trouvait en compagnie du président de la République en visite de travail, Zerhouni a déclaré que la force publique interviendra si le conflit au sein du FLN se transforme en affrontements dans la rue. Une déclaration qui reste d'actualité à voir la détermination des militants du FLN à exprimer leur mécontentement. Le pire est à craindre en effet, lorsqu'on sait que, plus que jamais, la répression engendre la violence et assure l'avenir de ses commanditaires. Face à cette intenable logique d'affrontement, beaucoup s'interrogent si l'Etat ne s'est pas trompé de thérapie pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle, et la perspective de la présidentielle de 2004 s'annonce véritablement comme le chant du cygne.