La Russie et l'Iran fournissent des armes à la Syrie, la Turquie et des pays du Golfe comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite en font de même avec la rébellion syrienne. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et son émissaire pour la Syrie Lakhdar Brahimi, ont critiqué lundi soir les «puissances extérieures» qui arment le gouvernement syrien et l'opposition, a indiqué le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky. Les deux hommes, qui se sont rencontrés lundi à New York, ont aussi fait part de leur «profonde inquiétude» devant le bilan des morts depuis 22 mois de crise en Syrie et de leur frustration devant l'incapacité des grandes puissances membres du Conseil de sécurité à s'unir pour mettre fin à la violence. MM.Ban et Brahimi «ont exprimé leurs profondes déception et inquiétude devant l'ampleur terrible des tueries et des destructions commises par le gouvernement et l'opposition et alimentées par des puissances extérieures qui fournissent des armes aux deux camps», a indiqué M.Nesirky sans nommer les fournisseurs d'armes. La Russie et l'Iran fournissent des armes au régime syrien, la Turquie et des pays du Golfe comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite en font de même avec la rébellion syrienne. Ban et Brahimi se sont aussi «déclarés consternés par l'absence d'une position internationale unie qui pourrait mener à une transition» politique comme le prévoit l'accord de Genève de juin dernier. La Russie et la Chine ont opposé à trois reprises leur veto à des projets de résolutions au Conseil de sécurité sur la crise syrienne. Se référant au droit international, Moscou s'oppose à ce que le président, élu, syrien soit exclu d'office des discussions sur une transition politique comme le réclament l'opposition syrienne et les occidentaux. M.Brahimi, émissaire de l'ONU, doit rendre compte de l'évolution de sa mission de médiation au Conseil de sécurité le 29 janvier. Le chef de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a appelé lundi soir l'ONU à proclamer un cessez-le-feu en Syrie, estimant que la mission de M.Brahimi n'avait, selon lui, abouti à «aucune lueur d'espoir». De son côté,Damas a accusé le réseau Al Qaîda d'être derrière l'attentat meurtrier perpétré lundi dans le centre de la Syrie, et accusé son voisin turc d'ouvrir grand les portes de son territoire aux «terroristes», dans des messages à l'ONU diffusés lundi par la télévision officielle. «Les groupes terroristes armés, avec à leur tête Al Qaîda, ont visé hier les citoyens dans la ville de Salamiyé (province de Hama) dans un acte terroriste lâche, et détruit l'hôpital national», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans des lettres au secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité. Lundi, au moins 42 personnes, dont des civils et des miliciens, ont été tués dans un attentat à la voiture piégée dans la ville de Salamiyé, dans la province de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne). Les messages dénoncent «les terroristes arrivant en Syrie via les pays voisins, notamment la Turquie, qui ouvre ses portes sans condition à tous les terroristes du monde pour qu'ils pénètrent en Syrie». «Damas appelle une nouvelle fois le Conseil de sécurité de l'ONU à dénoncer ces actes terroristes qui sont perpétrés sur son sol, et demande aux pays qui y sont opposés de revenir sur leurs positions qui ne servent en rien la sécurité et la paix mondiales». La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte qui s'est militarisée pour devenir un conflit sanglant. Au total, selon l'ONU, plus de 60.000 personnes ont été tuées dans cette guerre.