C'est un homme de terrain qui connaît parfaitement le secteur. Comme il le reconnaît lui-même avec modestie, l'actuel ministre de la Santé, M.Redjimi, n'a pas l'envergure politique de certains qui, à l'exemple d'un Bouhara ou d'un Guidoum, avaient la charge de diriger avant lui ce département classé parmi les plus sensibles et les plus stratégiques. Ce handicap n'entame en rien sa volonté et sa détermination à marquer de son empreinte le secteur de la santé. Lorsqu'il est piqué dans son amour-propre, il sort ses griffes et se défend solidement. «N'oubliez pas, tout de même, que je suis un homme du terroir. Je sais exactement ce dont il a besoin». Il n'a pas tort du tout. Ses atouts à lui sont d'ordre surtout professionnel. C'est un homme de terrain qui connaît profondément le secteur. De plus, il cumule déjà une expérience appréciable dans le domaine politique. Il se déclare l'homme des nouveaux défis dont le lancement de la réforme du système de la santé qui a été l'autre volet débattu longuement dans sa discussion à bâtons rompus avec les journalistes. «Elle constitue ma préoccupation principale car le moment est venu d'enclencher une nouvelle dynamique qui doit en premier lieu bénéficier à la qualité de la vie de tous les citoyens, aussi bien pour l'amélioration de la prise en charge de la santé des Algériens que pour la valorisation des personnels qui travaillent dans le secteur», a-t-il souligné. Cette nouvelle politique qui a déjà débuté avec la nouvelle appellation donnée au ministère de la Santé en juin 2002, et qui est devenu ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, vise à modifier positivement les modes actuels d'organisation, de gestion et de fonctionnement des établissements hospitaliers. S'attardant sur les raisons qui ont justifié le lancement de cette réforme, le ministre note qu'elle a été surtout dictée par la démarche de protection absolue des leviers essentiels de la prévention et de la promotion de la santé publique. Cela ressort notamment à travers les succès enregistrés en termes de démographie, d'élimination ou d'éradication d'un certain nombre de maladies infectieuses, ainsi que d'augmentation de l'espérance de vie. Ce sont autant de programmes nationaux qui doivent en découler, nécessitant une politique sectorielle et intrasectorielle qui englobe notamment la santé de la mère et de l'enfant, la protection des jeunes, la prise en charge des maladies chroniques. En d'autres termes, il s'agit d'améliorer l'environnement et le cadre de vie, de promouvoir les habitudes de vie saine, de favoriser l'éducation par la santé grâce à une meilleure politique de communication. Dans le même cadre, le ministre, rapport en main, a expliqué en détail les dysfonctionnements du système sanitaire actuel et les doléances exprimées appuyant cette réforme. Ces dernières se rapportent notamment aux pénuries fréquentes de différentes natures ainsi qu'à l'accès aux consultations spécialisées et au plateau technique en raison du déséquilibre dans la répartition géographique lequel favorise les grands centres urbains. La qualité de l'accueil, l'hébergement et le suivi des patients y sont également retenus, à côté du retard pris en termes de plateau technique, d'équipements individuels nécessaires à la distribution des soins de qualité, de gestion et de rigidité de la réglementation. Pour faire face à cette situation, des objectifs sont tracés et des chantiers sous forme de dossiers font l'objet d'une réflexion approfondie. Pour les premiers, on retiendra notamment le recentrage et l'adaptation du dispositif d'offre de soins et d'hospitalisation, la dotation en équipement qualifié, le soutien financier à l'amélioration de la gestion des établissements de santé, la rationalisation de l'investissement et la valorisation des structures, notamment au plan local, l'amélioration du système d'information et de communication, l'amélioration de la qualité d'accueil et de prise en charge des patients, l'amélioration des conditions de travail et de l'éthique dans la pratique médicale. Concernant les dossiers, il est à rappeler qu'un conseil national de la réforme hospitalière, installé officiellement en août 2002, est déjà opérationnel par l'organisation d'une réflexion à la base. Ces dossiers au nombre de six concernent «les besoins de la santé et demande de soins, les structures hospitalières, les ressources humaines, les ressources matérielles, le financement et l'intersectorialité». Commentant ses objectifs et ses axes, le ministre se déclare convaincu que «la santé connaîtra un changement qualitatif important dans un proche avenir. Il fut un temps où nos voisins ainsi que des pays arabes et africains comme la Jordanie ou la Tunisie, déléguaient des stagiaires et étudiants pour apprendre chez nous la médecine avant qu'elle ne connaisse chute et dégradation. Le moment est venu de récupérer notre place à juste titre. Bientôt des Européens pourront venir se soigner chez nous. C'est envisageable. Nous avons les moyens et les capacités pour le faire». Nous sommes tentés de le croire.