“Je suis un produit du système et j'ai l'avantage de le connaître assez bien pour vous affirmer que ce système tient compte des pressions et des influences qui s'exercent sur la scène politique”. Abderezak Bouhara, ancien officier de l'ALN, auteur de cette déclaration faite, jeudi dernier, à l'occasion d'une conférence-débat organisée par le CCDR à la Maison du peuple UGTA autour de l'intitulé “Les citoyens, les partis et les institutions”, veut sensibiliser la classe politique, le mouvement associatif et les personnalités nationales sur l'impératif d'une mobilisation, en perspective de la présidentielle 2004. Devant un parterre d'invités conviés à prendre part aux débats (Leila Aslaoui, Miloud Brahimi, Ouali Rachid, commandant Azzedine, Me Alouache de la commission Issad et Si El-Hadj le doyen des délégués du mouvement citoyen), M. Bouhara n'a pas tergiversé pour marteler : “Il ne faut pas attendre, c'est maintenant qu'il faut se mobiliser pour la présidentielle 2004, car il ne reste qu'un an”. Interrogé par la salle lors des débats sur le poids et la capacité d'une mobilisation citoyenne en faveur d'un bouleversement de l'ordre des choses, l'intervenant qui reconnaît une nette “tendance à la cooptation” chez le pouvoir à l'occasion de chaque présidentielle, se dit optimiste quant à la possibilité d'un changement de cette propension en cas d'une forte pression populaire. “Nous avons une année devant nous, on peut véritablement tout changer si on se mobilise dès maintenant”. Cette nécessité à la mobilisation a été également revendiquée par l'universitaire Sofiane Djillali. l'orateur pense que la mobilisation citoyenne demeure la “seule arme de survi en tant que collectivité nationale souveraine”. Concrètement parlant, les moyens du changement s'illustrent à travers la plus large participation des citoyens au débat public sur les questions qui engagent l'avenir du pays. Et la problématique des élections doit y figurer en bonne place, estime Abderezak Bouhara. Il contredit dans ce cadre “ceux qui pensent qu'un débat sur la présidentielle est encore prématuré”. Selon lui : “Les élections étant un des moyens d'expression de la souveraineté populaire, il est dans l'ordre des choses d'élargir et de susciter des discussions à leur sujet.” L'intervenant proposera dans la foulée la révision de l'actuel régime électoral arguant que “les conditions de son application sont loin de permettre une libre expression des suffrages”, ajoutant que “le système électoral dans notre pays est soumis à une logique de cooptation formalisée par un vote”. Les techniques de représentation devraient être réexaminées dans le cadre d'une vaste confrontation d'idées qui regrouperait les dirigeants des partis, des responsables des organisations syndicales et sociales et des spécialistes de toutes les tendances, a estimé M. Bouhara. Par ailleurs, la majorité des participants au débat ont criblé de critiques l'actuel président Bouteflika et souhaitent qu'il ne se présente pas en 2004. Leila Aslaoui dira à ce propos : “Je ne connais pas ceux qui prétendront à la magistrature suprême, je sais seulement qu'il ne faut pas que Bouteflika revienne.” Le commandant Azzedine abonde dans le même sens pour dire : “C'est quoi cet homme du consensus ? Et d'abord, de quel consensus s'agit-il ? Est-ce que quelqu'un est venu nous consulter à son sujet ?” N. M.