Le président Assad a procédé hier à un énième remaniement de son gouvernement Les dommages infligés à l'économie par la crise et les violences représentent 55% du PIB, il y a pénurie d'essence, de fréquentes pannes d'électricité et une inflation dépassant 50% en glissement annuel. Le président syrien Bachar al-Assad a procédé hier à un remaniement des ministères économiques et sociaux alors que la vie quotidienne devient particulièrement difficile en raison des violences toujours dévastatrices et des sanctions économiques. Dans ce climat de guerre, le patriarche maronite Bechara Boutros Raï effectuera aujourd'hui une visite totalement inédite à Damas pour assister à l'intronisation de Youhana Yazigi, patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, a affirmé un responsable de cette Eglise. Le pays connaît une crise économique sans précédent qui se traduit selon la Banque Mondiale par une contraction de 20% du Produit intérieur brut (PIB), un déficit des comptes courants qui atteint 7,1% du PIB et un taux de chômage de 37% qui pourrait atteindre 50% fin 2013, selon l'Escwa (Commission économique et sociale de l'ONU pour l'Asie de l'Ouest). M.Assad, qui a déjà procédé à plusieurs remaniements ministériels depuis le début en mars 2011 de la révolte devenue conflit armé, a décidé de séparer les ministères du Travail et des Affaires Sociales et de changer les titulaires des portefeuilles du Pétrole, des Finances, de l'Habitat, de l'Agriculture et des Travaux publics. Les dommages infligés à l'économie par la crise et les violences représentent 55% du PIB, il y a pénurie d'essence, de fréquentes pannes d'électricité et une inflation dépassant 50% en glissement annuel. En outre, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le secteur agricole, qui emploie près de 40% de la population, a vu sa production baisser de moitié. Malgré ce contexte, un patriarche maronite va se rendre en Syrie pour la première fois de l'indépendance du Liban en 1943. Aujourd'hui, le cardinal Rai doit assister à la cérémonie d'intronisation de Youhana Yazigi, à 08H30 (06h30 GMT) à Qassar, dans le centre de Damas. Selon le quotidien libanais anti-syrien An-Nahar, «la participation de plusieurs chefs d'Eglises est une manière d'exprimer la solidarité entre les Eglises», alors que la crise «frappe aussi les chrétiens de Syrie», qui représentent environ 5% de la population, ajoute le journal. Sur le terrain, si le régime s'est déclaré prêt à dialoguer avec ses adversaires, sous réserve que cela se fasse sans «conditions préalables», les combats ne connaissent pas de répit. Des raids aériens ont visé la province de Damas et des combats ont eu lieu à la lisère de Jobar, un quartier de l'est de la capitale. La province centrale de Homs était la cible de bombardements, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne). Cette organisation a recensé 136 morts - 58 civils, 48 soldats et 30 rebelles - pour la journée de vendredi. Hier, un premier bilan très provisoire faisait était de 15 morts - 3 civils et 12 rebelles. «La porte est ouverte, la table de négociations est là, bienvenue à tout Syrien qui veut dialoguer avec nous, nous sommes sérieux concernant la question du dialogue», a affirmé vendredi soir le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, à la télévision. Le chef de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, avait proposé d'entamer des discussions directes avec des représentants du régime n'ayant pas «de sang sur les mains», précisant que tout dialogue devait porter nécessairement sur le départ de M.Assad. M.Khatib avait également exigé la libération d'ici dimanche (aujourd'hui) de toutes les prisonnières détenues par le régime, à défaut de quoi il retirerait son offre de dialogue.