La Corée du Nord a procédé, mardi, à son troisième essai nucléaire. Essai condamné sans surprise par ladite «communauté internationale». La Corée du Nord n'a-t-elle pas été poussée à cette extrémité par des sanctions qui l'ont frappée de plein fouet ces dernières années, dès lors qu'il ne lui a été laissé d'autre choix que celui de s'isoler davantage, de se mettre en marge et de se replier sur elle-même? Menacée économiquement, militairement, Pyongyang a trouvé dans ce repliement sur soi, - ce que d'aucuns qualifient de fuite en avant - le meilleur moyen de se défendre et de défendre sa conception de la vie. Il n'est pas question ici d'approuver ou de désapprouver un acte souverain. Relevons seulement, combien le monde dans lequel nous vivons est faux. Un monde à deux vitesses où ce qui est permis et légal pour les uns est interdit et illégal pour les autres. Cette interdiction est souvent imposée par la force - sanctions, mise en quarantaine, état de siège (c'est également le cas pour l'Iran) - voire par des attaques militaires. Pour ce qui est du nucléaire, on évoque et on met en avant le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire adopté en 1968 par l'Assemblée générale de l'ONU) et le Ctbt (Interdiction totale des essais nucléaires adopté en 1995 par l'ONU, pas encore ratifié par les Etats-Unis et Israël, singulièrement, les plus acharnés à faire «respecter» un document qu'eux-mêmes ignorent). Réagissant à l'essai nucléaire nord-coréen, Barack Obama parle d'un «acte provocateur» appelant à une action internationale «rapide» et «crédible». Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, cet essai «profondément déstabilisateur» est «une violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité» (il s'agit des sanctions imposées à la Corée du Nord). Les réactions outrées des autres grandes puissances sont tout aussi hypocrites. De Obama à Merkel, en passant par une théorie de chefs d'Etat tout aussi «bien intentionnés», on n'a entendu parler ces dernières heures que du renforcement des sanctions contre la Corée du Nord, déjà lourdement réprimée. Les «régisseurs» du Monde, qui s'estiment eux-mêmes au-dessus des résolutions de l'ONU, dictent leur «loi» et menacent ceux qui dérogent à leur diktat. Or, le droit, fut-il, international, dès lors qu'il ne s'applique pas de la même manière et dans les mêmes termes à tous les Etats, devient seulement un instrument de coercition. Ce qui est inadmissible. Nonobstant le jargon utilisé pour faire admettre à la communauté des nations la nécessité d'un contrôle drastique de l'usage du nucléaire, il n'en reste pas moins que cette politique de rigueur et de «sauvegarde» ne s'applique pas à tous. Ainsi, les cinq puissances (USA, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine) publiquement détentrices de l'arme atomique échappent aux tracas imposés aux Etats ayant des velléités de développer leur recherche nucléaire, à l'instar de l'Iran et de la Corée du Nord. Plus grave, un pays, Israël, qui n'a paraphé ni le TNP ni le Ctbt, bénéficie des mêmes faveurs que les «cinq» et échappe lui aussi au contrôle de l'Aiea (Agence onusienne de l'énergie atomique). Israël, qui dispose, selon les experts internationaux de 100 à 300 ogives nucléaires, menace l'Iran d'attaque ses sites nucléaires, sans soulever autrement la réprobation. Ce même Israël a détruit en 1981 le site de Tammouz en Irak, dans l'indifférence générale de ladite «communauté internationale, et récidiva en 2007 contre un centre de recherche syrien à Deir Ezzor. Les Etats-Unis eux-mêmes ont détruit, en dehors du cadre de l'ONU, l'Irak en 2003, soupçonné à tort de posséder des armes de destruction massive (ADM). On s'émeut aujourd'hui de l'essai nucléaire nord-coréen alors que les superpuissances, au déni du Ctbt poursuivent le perfectionnement de leurs armes de destruction massive, dès lors que leur technologie le leur permet sans passer par la technique de l'essai grandeur nature comme c'est encore le cas pour des pays «primaires». Un pays comme les Etats-Unis, qui parle haut et fort et condamne tous azimuts poursuit depuis, des recherches pointues sur les armes futures réalisant des tests dits subcritiques (qui n'entraînent pas de réaction en chaîne du plutonium). Ainsi, les Etats-Unis, contournent sans état d'âme les traités internationaux de non-prolifération et d'interdiction des essais, au moment où ils sanctionnent des Etats qui ne respectent pas, selon Washington, les dispositions du TNP et du Ctbt. Cqfd.