«L'heure des bilans est arrivée et seul le peuple jugera, loin de toute polémique stérile», a déclaré le président. Lors de l'ouverture, hier, des premières assises nationales de la PME, au Palais des nations au Club des Pins, et lors de son discours inaugurant cet événement national, inédit, le président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message fort à ce partenaire social incontournable qu'est la centrale syndicale. Il a également apporté une réponse indirecte au groupe des onze en se refusant, a-t-il précisé, d'entrer dans les « polémiques stériles », leur préférant «le jugement du peuple» puisque l'heure des bilans a sonné, allusion faite à la prochaine présidentielle. C'est devant presque la totalité de son staff gouvernemental, dont le chef du gouvernement Ouyahia, que Bouteflika a rendu un hommage à l'Ugta, en évoquant son rôle déterminant dans la sauvegarde de la République menacée dans son intégrité lors de la décennie noire. Le président de la République a dans son allocution fait savoir qu'il a presque finalisé toutes les propositions formulées par le plus vieux syndicat du pays lors des dernières tripartite et bipartite, allant dans le sens de l'effacement de la dette des entreprises les plus en difficulté jusqu'à annoncer d'importantes mesures d'aides à l'acte d'investir par la voie de la PME et de la PMI. Mesures dont pourraient profiter les unités publiques encore solvables, tout en rappelant la nécessaire complémentarité entre secteur public et privé désormais indissociables pour la création de la richesse et de l'abolition du chômage dont le taux, selon l'Ugta, atteint actuellement 29,08 %. Ainsi, le président a annoncé la création du fonds de garantie pour les crédits à l'investissement au profit des PME et pris en charge par les caisses d'approvisionnement ; il est d'une valeur de 30 milliards de dinars. Ce même fonds garantit des aides à hauteur de 80 % à tout projet atteignant les cinquante millions de dinars. Comme il permet l'extension à hauteur de 60 % de tout projet ambitieux. Par ailleurs le premier magistrat du pays a décrété la mise en place du fonds capital risque au bénéfice des PME, pris en charge par le Trésor public et les caisses de crédit; il est de 3,5 milliards de dinars. Ces deux institutions sont capables, a-t-il encore ajouté, de réduire sensiblement le coût faramineux exigé par les assurances, comme elles constituent de puissants leviers pour démultiplier l'investissement privé national afin que, au fil des années, des centaines de milliards de dinars viennent s'ajouter, à travers l'épargne et le crédit dans le cadre de la libre entreprise, aux milliers de milliards de dinars que l'Etat mobilise directement au service du développement, pour la création d'emplois et pour que soit ainsi favorisée la lutte contre le chômage et faire de sorte que des unités de production toujours plus compétitives les unes que les autres viennent à leur tour enrichir les atouts existants de notre pays dans les échanges internationaux. En outre, il a exhorté les investisseurs à mener une lutte sans merci contre l'économie informelle qui mine l'existence de la production nationale, appelée à rentrer dans un futur proche dans l'arène de la mondialisation. Sont également annoncées d'importantes mesures incitatives au profit de l'activité productive ainsi qu' une politique du foncier plus appropriée même si elle demeure encore otage de la lourdeur bureaucratique au détriment de l'élan des industriels les plus en vue dans le pays. Sur place et sommé de réagir au discours du président, et si ce dernier n'avait pas une quelconque relation avec l'objectif non avoué d'amadouer l'ogre Ugta à la veille d'un décisif rendez-vous électoral, le secrétaire général de la centrale syndicale, Sidi Saïd, a dit préférer l'objective réalité à tout discours politicien laissant entendre que le «frère Bouteflika ne fait que se conformer aux directives étudiées conjointement avec le patronat, son syndicat et les pouvoirs publics pour déjouer une crise sociale désormais mieux appréhendée». Par la suite, le chef de la centrale syndicale par l'intermédiaire de son chargé de l'organique a émis une communication où l'Ugta n'a pas manqué d'insister sur la nécessaire lisibilité de tout choix socio-économiques pour lequel opte le pouvoir.