A cette fin, il a proposé l'élection d'une assemblée constituante souveraine pour l'élaboration de la constitution d'une nouvelle République. Cette initiative, au-delà des revendications qu'elle véhicule ressemble beaucoup plus à un programme politique qui devrait permettre, si elle est adoptée, à l'ex-FIS de revenir au-devant de la scène politique sous une forme ou une autre. En outre, cette proposition est dictée, selon ses rédacteurs, par «la stérilité et l'inadéquation de toute approche de résolution du conflit national et s'adresse à tous ceux qui s'y opposent» pour résoudre la crise née de l'arrêt du processus électoral de 1992. Et cela au moment où les adeptes d'une solution pacifique sont, selon le document, dépassés par les événements dont l'ampleur «a également dépassé un pouvoir ayant pour unique souci de désigner, coûte que coûte, celui qui dirige le pays quand bien même ceci se ferait au détriment de la souveraineté et des acquis du peuple». Devant cet état de fait, Abassi Madani, dans un sous-entendu à peine voilé et tout en assimilant le pouvoir en place à un colonisateur, appelle le peuple algérien à se soulever pour exiger le départ de l'actuel pouvoir «il ne reste alors qu'à se référer au peuple algérien pour qu'il assume ses responsabilités (...), qu'il exerce son droit à l'autodétermination et qu'il exprime sa volonté de changer de régime à travers un référendum», souligne le document. S'exprimant, en dépit des interdictions dont il fait l'objet, notamment celle de faire des déclarations à la presse, de prêcher dans les mosquées, ou d'avoir des activités politiques ou associatives, lors d'une conférence de presse à Doha où il séjourne depuis novembre 2003 dans la capitale qatarie, le numéro 1 du FIS dissous a, d'emblée, exigé le report de l'élection présidentielle prévue pour avril prochain comme première étape. Pour Abassi Madani, cette demande est justifiée sous prétexte que «les conditions de la légitimité de cette élection et de sa crédibilité» ne s'y prêtent guère à l'heure actuelle. A cette fin, il a proposé «l'élection d'une assemblée constituante souveraine pour l'élaboration de la constitution d'une nouvelle République» en Algérie. Cette assemblée constituante, préalable déjà exigé en 1963 par le FFS, aura également pour tâche de «superviser un référendum sur la nouvelle constitution, ainsi que des élections présidentielles, législatives et municipales à tenir sous le contrôle d'instances internationales neutres», est-il encore écrit dans le document rendu public. Pour déblayer le terrain à l'application de telles mesures, Abassi Madani a suggéré «un arrêt des combats et de la violence sous toutes ses formes, y compris celle du pouvoir, à partir de l'Aïd El-Adha» qui sera célébré début février. Pour la réussite de cette initiative, Abassi Madani dont le parti reste, au demeurant, responsable de la vague de violence qui a fait plus d'une centaine de milliers de morts exige «une amnistie présidentielle générale au bénéfice de toutes les victimes de la tragédie, notamment en libérant les prisonniers, en rendant les disparus encore en vie à leurs proches et en assurant le retour dans la sécurité aux déplacés, aux exilés et aux poursuivis». Cette mesure ne saurait être effective sans «la levée de l'état d'urgence et le retour à la légitimité populaire» note le document. Cette initiative plaide, selon Abassi Madani, pour un Etat «garantissant toutes les libertés dans le cadre des principes islamiques», le multipartisme, la séparation entre les pouvoirs, l'indépendance de la justice et la protection des droits de l'homme. En outre, elle est présentée comme «initiative populaire nationale», mais personnelle par Abassi Madani qui a suscité des réserves sur la forme mais dans le fond de la part de certaines personnalités proches de la mouvance islamiste. «C'est une initiative positive qui demande pour sa réussite une volonté politique de ceux qui gouvernent» a déclaré Anouar Haddam, celui qui avait revendiqué à partir de son exil américain les attentats du GIA, sur les ondes de la chaîne qatari Al-Djazira. Se désolidarisant de son ancien compagnon, Haddam affirme que «cette initiative ne reflète pas la position du FIS. Celle-ci sera rendue publique ultérieurement dans un communiqué signé par le responsable du bureau exécutif national par intérim, le Dr.Mourad Dhina lors d'une prochaine rencontre». Mais cela ne l'a pas empêché d'appeler à une réunion regroupant les personnalités représentatives de toutes le tendances afin de débattre de cette initiative. Tandis que Abdalalh Djaballah, président du MRN, a estimé que «même si notre parti n'a pas été destinataire officiellement de cette missive et n'en contient pas moins quelques revendications communes à savoir l'apaisement devant réconcilier les Algériens entre eux». Au sujet du report du prochain scrutin et de la constituante, il a déclaré sur les ondes d'Al-Jazira que «cette dernière a fait l'objet d'une demande par le FFS en 1963 sans pour autant avoir le consentement du pouvoir» tandis que pour l'élaboration de la constitution d'une nouvelle République «elle reste sujette à discussion».