Les choses se compliquent au FLN avec le coup de force que veulent faire les partisans de Belkhadem en mettant sous les feux de la rampe un Saadani qu'on croyait enterré depuis 2007. La sortie inattendue de l'ancien président de l'APN, Amar Saadani, annonçant qu'il allait succéder à l'ex-secrétaire général du FLN, Adbelaziz Belkhadem, a brouillé les cartes dans la maison de l'ex-parti unique. M.Saadani a affirmé, dans une sortie médiatique avant-hier, qu'il avait le soutien de la majorité des membres du comité central et a même fait étalage de son programme une fois élu à la tête du parti. Or, il y a quelques jours, plusieurs données plaidaient pour un consensus qui se serait fait autour du sénateur du tiers présidentiels, Mohamed Bouklhalfa. La sortie de M.Saadani est-elle donc une manipulation ou une manoeuvre de plus qui viserait, à défaut de réinvestir Belkhadem, à élire un homme qui sauvegarderait les intérêts des partisans de l'ex-secrétaire général? «Ceux qui ont avancé le nom de Saadani font dans la manipulation et veulent phagocyter la piste Boukhalfa ou, à défaut, ils veulent dissuader ce dernier en lui faisant croire qu'il n'aura pas le consensus autour de lui. Ces gens sont connus, ils sont les partisans de Belkhadem qui veulent préserver leurs intérêts matériels et politiques. Ils sont corrompus et certains d'entre eux, membres du bureau politique, sont notoirement, connus», explique un membre du comité central. En tout cas, sur le terrain, la prétention de M.Saadani à bénéficier du soutien de la majorité, est contrariée par les affirmations des uns et des autres. «Ce que je peux vous confirmer, c'est que jusqu'à présent, on n'a pas une personne consensuelle», a assuré, hier, Boudjemaâ Haïchour, membre du comité central, ajoutant que «ceux qui étaient au coeur de la crise du FLN ne doivent pas revenir». Or, ceux qui veulent «imposer» l'ancien président de l'APN veulent surtout écarter toute possibilité que le poste de secrétaire général soit occupé par un opposant à Belkhadem, et par ricochet, aux membres du bureau politique. «Depuis la session du 31 janvier dernier et le retrait de confiance à M.Belkhadem, les gens se rassemblent et se concertent et tout d'un coup, on nous fait sortir Saïdani. On dit que la décision vient d'en haut, il n'y a pas d'en haut pour le moment et rien n'est encore décidé», a affirmé M. Haïchour sans pour autant faire savoir sa position personnelle. Qualifiant la situation de «cafouillage» dans le «flou», notre interlocuteur a précisé que ce qui se passe actuellement au FLN est le début du positionnement politique en vue de l'élection présidentielle de 2014. Si Boudjemaâ Haïchour ne va pas jusqu'à dire qu'il s'oppose à l'option Saadani, ce n'est pas le cas du mouvement de redressement qui accuse les partisans de ce dernier de «vouloir perpétuer la corruption». Ce mouvement lancé au lendemain du 9e congrès ne cache pas, par la voix de son porte-parole, Mohamed Seghir Kara, son soutien à Mohamed Boukhalfa. Il explique que ce dernier, comme le défunt Abderrezak Bouhara qui a fait le consensus avant qu'il ne meurt, réunit tous les critères d'éligibilité au poste de secrétaire général du parti. Mohamed Boukhalfa et Abderrazak Bouhara ont, en effet, les mêmes atouts. Les deux sont membres du Conseil de la nation au titre du tiers présidentiel. Les deux ont été contre la gestion de Belkhadem depuis le début de la crise. Les deux sont issus de la génération de la guerre de Libération nationale. Les deux ont des noms qui commencent par un «B». A cela, M. Kara ajoute le fait que les deux partagent la même ligne idéologique. A se demander donc pourquoi le consensus qui s'est fait autour de Bouhara ne se fera pas autour de Boukhalfa.