Les promesses faites par Bouteflika de garantir un scrutin régulier prendraient effet avant la convocation du corps électoral. Mis en position de faiblesse depuis la signature du manifeste des onze et la sortie du chef d'état-major de l'ANP, le président Bouteflika ne ferait plus montre de la même assurance qu'assuraient Ouyahia et Zerhouni, affirmant à qui voulaient les entendre, qu'ils ne bougeraient pas de leurs postes et qu'ils veilleraient personnellement à l'organisation, de bout en bout, du prochain scrutin présidentiel. L'annonce de ce changement interviendrait dès le mois de février prochain, indiquent nos sources. C'est-à-dire très peu de temps avant ou après la convocation du corps électoral par le président de la République. Depuis qu'Ahmed Ouyahia, en sa qualité de chef du gouvernement a tenu des propos dithyrambiques sur le programme de son président, y apportant un soutien pour un second mandat sous sa seconde casquette de secrétaire général du RND, il constitue la principale cible de l'opposition politique. Celle-ci, qui ne laisse pas de rappeler que «le gouvernement, constitué par des redresseurs et des éléments du RND, ressemble à un comité de soutien au président, indiquent que le chef du gouvernement doit jouir d'un minimum de neutralité puisqu'il a les pleins pouvoirs dans la conduite de l'opération électorale depuis l'amont jusqu'à l'aval». Son remplacement, croit-on savoir, reviendrait à Abdelmalek Sellal, un homme atypique qui, en dépit de sa présence au sein de nombreux gouvernements «fraudeurs», y compris celui de 1999, «a su garder une certaine distance par rapport aux évènements chauds du moment», indiquent des sources crédibles. Zerhouni n'en mène pas plus large. Lui qui a décidé de se constituer partie civile dans la plainte déposée par les redresseurs contre Ali Benflis, trahissant ainsi un parti-pris flagrant dans le conflit apparu au sein des rangs du FLN depuis que ce parti a refusé de cautionner un second mandat au président, préférant faire cavalier seul en sa qualité de formation politique majoritaire dans le pays. Selon les mêmes sources, l'ensemble des ministres partisans serait remercié dans la foulée, afin de ne laisser planer aucune suspicion. C'est cela, du reste, qui a amené le MSP, dont la politique entriste lui interdit la moindre marche-arrière, à émettre de si sérieuses réserves quant au remplacement du gouvernement actuel par une équipe technique neutre et provisoire, le temps que passe ce cap électoral fort difficile. Des tractations très poussées auraient lieu en ce moment à propos de la composition de la prochaine équipe. Les conseillers du président seraient également en train de «rassurer les partants, lesquels seraient immédiatement rappelés à leur poste dès que le chef de l'Etat sera reconduit à son poste au sommet de l'Etat». Au stade flou où en sont les choses, il est encore très difficile d'avancer les noms de ceux qui seront appelés à remplacer les ministres concernés par ces changements. «Le président Bouteflika, qui comptait aller vers le vote avec l'équipe en place, révèlent nos sources, se serait ravisé, contraint et forcé, depuis à peine quelques jours, à la suite du manifeste des onze, dont l'impact médiatique a dépassé de loin les frontières du pays, plaçant le chef de l'Etat dans une position pour le moins inconfortable vis-à-vis de ses nombreux homologues et néanmoins amis étrangers. Cela est d'autant plus vrai que les onze, dont beaucoup jouissent eux aussi d'une crédibilité certaine auprès de nombreux hauts responsables étrangers, promettent de ne pas s'arrêter en si bon chemin, projetant de se réunir demain au siège du FLN afin de coucher sur papier les modalités pratiques pour la mise en application des revendications formulées dans leur manifeste. Bouteflika se serait senti encore plus affaibli depuis que le chef d'état-major de l'ANP s'est prononcé sur le sujet pour déclarer attendre les demandes exactes d'opposition politique pour agir en conséquence suivant de nombreux scénarios échafaudés à l'avance. Bouteflika, qui s'était empressé d'accepter la demande d'audience que lui avait formulée Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, avait promis des mesures politiques importantes afin que le scrutin présidentiel se déroule dans des conditions acceptables. Sur ce chapitre, l'on croit savoir, en outre, que la commission de surveillance des élections jouirait pour une fois de prérogatives plus étendues. Dans tous les cas de figure, Bouteflika n'a pas d'autre choix que de se plier à la plupart des exigences des onze, s'il ne veut pas réitérer le scénario de 1999 avec, en prime, une armée résolue à faire respecter à la lettre la constitution algérienne.