«Les prisonniers sahraouis ont subi des tortures, des sévices et des viols et que leur état de santé s'est dégradé en raison des conditions de détention» Le rapporteur spécial de l'ONU (sur la torture) a plaidé pour une révision du procès des 24 civils sahraouis qui ont été condamnés par le tribunal militaire de Rabat. L'étau se referme sur Rabat. Après les associations de défense des droits de l'homme (Human Rights Watch, Amnesty International, le Centre Robert Kennedy, RFK Center...), c'est au tour de l'Organisation des Nations unies, à travers son rapporteur spécial, de s'indigner et d'élever à nouveau la voix. La pratique de la torture n'est ni une simple vue de l'esprit ni une cabale montée de toutes pièces pour dénigrer le pouvoir marocain. Des plaintes ont été déposées pour tortures et mauvais traitements par des détenus sahraouis. Rabat est pratiquement sommé d'ouvrir une enquête «sérieuse et impartiale» à ce sujet. Dans son rapport présenté devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, le rapporteur spécial de l'Organisation des Nations unies, Juan Mendez, a indiqué avoir reçu plusieurs témoignages et des «plaintes concernant un grand nombre de violations des droits de l'homme, outre les cas de torture et de mauvais traitements». En ce qui concerne les 24 Sahraouis qui ont été condamnés par le tribunal militaire de Rabat après avoir été enfermés pendant plus de 27 mois à la prison locale de Salé, ville jumelle de Rabat, il assure «avoir reçu des témoignages affirmant que les prisonniers sahraouis ont subi des tortures, des sévices et des viols et que leur état de santé s'est dégradé en raison des conditions de détention». Le diplomate onusien d'origine argentine a exprimé sa «profonde inquiétude» qu'il a justifiée par le «refus du tribunal d'enquêter sur les tortures subies par les prisonniers sahraouis deux années durant» tandis que le conseil consultatif sahraoui (CNS) a exhorté l'ONU d'intervenir en faveur de leur libération et de celle de tous les détenus sahraouis. «Nous vous demandons d'intervenir afin de prendre des mesures pour la libération du groupe et de tous les prisonniers politiques sahraouis des prisons marocaines, et révéler le sort de plus de 651 disparus sahraouis aux mains du Maroc», a écrit Moulay Beibàt, le président du CNS dans une lettre adressée au SG de l'ONU, Ban Ki-moon. Dans un document présenté au mois d'octobre 2012 au Conseil de sécurité, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, pour la justice et les droits de l'homme, avait déjà fait référence à l'utilisation de techniques de torture par le Maroc sur son propre sol et contre les opposants qui défendent la cause sahraouie. «Chaque fois qu'il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires. Il est difficile de dire si c'est très répandu ou si c'est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l'ignorer», avait -il déclaré, le 23 octobre 2012, à la presse. «Il y a de nombreuses preuves d'une utilisation excessive de la force», avait souligné Juan Mendez qui a séjourné au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. L'ex-enseignant de l'Université d'Oxford avait glané, lors de cette visite, des «témoignages crédibles faisant état de pressions physiques et mentales excessives sur des détenus au cours d'interrogatoires». «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations...», avait ajouté le rapporteur spécial de l'Organisation des Nations unies sur la torture, lors de la conférence de presse qu'il avait tenue à Rabat à la fin de sa mission...