Les électeurs se sont déplacés en masse hier au Kenya pour choisir leur nouveau président, avec l'espoir de tourner la page du précédent scrutin qui avait tourné au bain de sang cinq ans plus tôt. Quelques heures avant le début du vote, six policiers ont été tués par des inconnus dans la région côtière de Mombasa mais le scrutin s'est ensuite déroulé sans incident notable. A travers le pays, d'impressionnantes files d'électeurs, formées souvent dès avant l'aube, se sont étirées toute la journée devant les bureaux de vote, et seuls des incidents techniques relativement mineurs étaient rapportés en fin de journée par la Commission électorale indépendante (Iebc). Environ 14,3 millions de Kényans devaient déposer six bulletins dans six urnes pour élire leur président, députés, sénateurs, gouverneurs (exécutif départemental), membres de l'Assemblée départementale et un quota de femmes à l'Assemblée nationale. Le scrutin présidentiel s'annonce extrêmement serré, les deux favoris, Raila Odinga et Uhuru Kenyatta, étant très proches dans les sondages. Les deux candidats se sont dits confiants de l'emporter dès le premier tour - ce qui implique une majorité absolue des suffrages - tout en assurant qu'ils accepteraient leur éventuelle défaite. Le dépouillement devait commencer dès la fermeture des bureaux, et les résultats provisoires devaient être immédiatement envoyés par SMS au quartier-général de l'Iebc à Nairobi. La publication progressive des résultats est un des enjeux de scrutin. Fin 2007, la lenteur du dépouillement de la présidentielle avait renforcé les soupçons de fraude chez les partisans de M.Odinga, déjà candidat à l'époque. L'annonce de la victoire de son adversaire, le président sortant Mwai Kibaki - qui à 81 ans, ne se représente pas cette année -, avait déclenché une violente contestation dégénérant en affrontements politico-ethniques sans précédent. Plus d'un millier de personnes avaient été tuées et plus de 600.000 déplacées. M Kenyatta, qui en 2007 soutenait M.Kibaki, est inculpé par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans l'organisation des violences de l'époque. A 51 ans, le fils du premier président du pays a voté hier matin dans sa circonscription de Gatundu-sud, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale. Pour sa troisième candidature à la présidence, son adversaire M.Odinga, 68 ans, a pour sa part voté à Kibera, tentaculaire bidonville de Nairobi qui fut l'un des principaux foyers des violences après la précédente présidentielle.