Le mémorandum adopté lors du conclave de dimanche a été adressé hier aux institutions de la République. Face au véritable coup de force électoral que se prépare à mener le candidat-président en mettant en place une commission de surveillance sans nul effet, le groupe des onze a élaboré une série de réactions à la mesure des défis soulevés. Ainsi, Sifi et Hamrouche, au sortir de la rencontre qui avait eu lieu dimanche chez Benyellès, avaient-ils insisté sur la nécessité de «récuser cette commission», mais aussi sur celle de «faire passer l'intérêt du pays et la souveraineté populaire avant les ambitions personnelles des uns et des autres». Sifi dément formellement s'être retiré de la course aux élections. «Pour cela, il aurait fallu que je me sois présenté d'abord.» En revanche, «si la situation reste dans l'état actuel, il ne fait aucun doute que je n'irai pas faire de la figuration dans la véritable mascarade qui est en train d'être préparée». Hamrouche, qui a procédé au gel de ses comités de soutien en attendant d'y voir plus clair, ne s'est donc pas définitivement retiré de la course électorale, ou à tout le moins, de ses activités politiques au sein du groupe des onze. Ce dernier, dont des membres indiquent n'exclure aucune éventualité pour amener le pouvoir à mettre en place un cabinet neutre de transition et une commission de surveillance conforme aux défis démocratiques de l'heure, indique, selon notre source, que «l'éventualité d'aller vers une candidature commune a certes été soulevée, mais n'a toujours pas été débattue». Sifi, qui dit ne pas être contre, comme il l'avait déjà expliqué lorsqu'il était l'invité de notre rédaction, ajoute que Hamrouche n'y voit aucun inconvénient lui aussi. Pour les autres membres du groupe, il faut le dire, la question est un peu plus délicate. Même si les questions de leadership semblent avoir été en grande partie surmontées, il n'en demeure pas moins qu'il est très difficile de s'entendre sur un programme commun et, encore plus, sur un candidat unique. Si Sadi ne désespère pas d'être l'heureux élu, il reste très difficile de trancher entre des personnages disposant de chances sérieuses d'accéder à la magistrature suprême, tels que Taleb, Benflis ou même Hamrouche. Des grands débats relatifs à la question peuvent donc se faire jour dès la semaine prochaine puisque l'on croit savoir que la rencontre de demain à la permanence de Taleb devrait être consacrée au meeting du lendemain, mais aussi aux premiers échos ou bribes de réponses relatives au mémorandum transmis hier à l'ensemble des institutions du pays. En effet, le mémorandum relatif aux empiètements de la Constitution commis par le président Bouteflika, finalisé samedi par la commission technique, a été débattu puis adopté dimanche à la permanence de Benyellès. Cela a permis, apprend-on, de «transmettre le document aux institutions de la République, armée, sénat et APN, dès hier». Des réponses sont attendues dans quelques jours à peine, à voir le rythme endiablé que prennent les évènements depuis le début de cette semaine. Le document en question, même s'il reprend en partie les dépassements signalés dans un précédent mémorandum élaboré par le groupe parlementaire du FLN, s'est voulu être plus politique en s'attardant longuement sur les atteintes à la souveraineté populaire, au droit à la libre-expression et aux graves risques de dérapage que peut vivre le pays dans le cas où le coup de force électoral, qui ne fait plus de doute pour personne, venait à être perpétré. Enfin, et contrairement à la rumeur qui avait circulé hier, «le groupe des onze reste plus soudé que jamais, puisque le MSP ne l'a pas quitté et a même été chargé de déposer la demande pour l'obtention du pavillon C du Palais des exposition en vue de la tenue d'un meeting ce jeudi». L'information avait toutefois circulé hier sur le refus d'accorder cette salle, de la part de la wilaya, alors qu'elle avait été mise à la disposition du mouvement El-Islah il y a de cela deux semaines. En désespoir de cause, et pour ne pas céder face à l'adversité, «le MSP a introduit une seconde demande en vue d'obtenir la salle Harcha. Dans le cas où une réponse favorable nous est donnée dans des délais raisonnables, nous maintenons notre meeting pour jeudi prochain». Nous reviendrons plus en détail sur le mémorandum en question dans notre édition de demain.