L'accord de Zerhouni, pour une salle ne recevant pas plus de quelques centaines de personnes, est qualifié de nouvelle manoeuvre de la part du pouvoir. Les onze, au grand complet, avec la présence exceptionnelle de Bouguerra Soltani, qui les recevait au siège national de son parti, se sont réunis hier en vue de statuer sur les nouveaux rebondissements intervenus sur la scène politique à propos de la future présidentielle, dont la dernière ligne droite continue d'approcher à grands pas. C'est ainsi que le groupe des onze a rejeté avec une extrême vigueur «l'accord accordé pour la tenue de (leur) meeting au niveau de la salle Ibn Kheldoun». L'accord avait été accordé le jour même au RCD qui en avait formulé la demande au nom du groupe pour la tenue d'un meeting populaire ce lundi, durant lequel devait être rendu public un document mettant en exergue l'ensemble des transgressions de la Constitution commises par celui qui est censé en être le garant, à savoir le premier magistrat du pays. Le groupe explique ce refus par le fait que «le pouvoir, en agissant de la sorte, a cherché à empêcher de larges pans de la société de s'exprimer librement et d'avoir accès directement aux leaders politiques de l'opposition». Sans le dire explicitement, donc, le groupe, comme nous le révèlent certains de ses animateurs, ce dernier estime être apte à mobiliser au minimum des centaines de milliers de citoyens. Une seconde demande doit être introduite dès aujourd'hui pour l'obtention du pavillon C du Palais des expositions, ou bien de la salle Harcha en vue de tenir le meeting en date du 12 février prochain. Sur un autre registre, le communiqué ne laisse pas de se pencher sur les mesures prises le même jour par le président Bouteflika demandant la présence d'observateurs étrangers. A ses yeux, en effet, cette démarche de la part du pouvoir «répond à sa volonté de tromper l'opinion publique à travers la mise en place d'une commission de préparation des élections et l'invitation d'observateurs internationaux à la recherche d'une caution internationale concernant une élection de plus en plus douteuse». Pour les auteurs de cette déclaration, «la présence d'observateurs étrangers serait de nul effet sauf si elle rentre dans un cadre global et complémentaire qui garantisse le choix souverain du peuple algérien et, partant, pleine légitimité du prochain président de la République». Ainsi, est remise sur le tapis la revendication qui avait été formulée dans le premier manifeste, rendu public à l'issue de la rencontre des onze au niveau de la permanence du candidat Rachid Benyellès, à savoir « la constitution d'une instance nationale indépendante pour la préparation et la surveillance des élections à travers l'ensemble de ses étapes ». De son côté, Ali Benflis a rendu public un important communiqué dans lequel il joint sa voix à celle des onze, estimant que «ce ne sont pas quelques dizaines de personnes qui pourront s'assurer de la régularité d'un scrutin devant se dérouler dans au moins 40.000 bureaux de vote». D'une virulence extrême, Benflis ajoute que «la fraude a déjà commencé par la mise en place d'un gouvernement érigé en comités de soutien, l'instrumentalisation de l'administration, la déstabilisation des partis politiques et des associations qui refusent de prêter allégeance au président-candidat et l'utilisation, à des fins électoralistes, des deniers et des médias publics et les intimidations exercées sur les élus et les citoyens». Pour revenir au groupe des onze, qui reporte ainsi la publication du mémorandum relatif aux dépassements du président Bouteflika, les revendications relatives à la tenue d'une élection propre et honnête ne saurait se faire jour sans que «chaque institution de l'Etat n'assume ses missions constitutionnelles pour mettre un terme aux graves dérives pouvant entraîner la tenue d'un scrutin truqué». Nul doute que ce dernier point contenu dans la déclaration a trait à l'imminente interpellation de l'institution militaire. La prochaine rencontre, a-t-on pu apprendre, est attendue mercredi prochain au siège de la permanence d'Ahmed Taleb Ibrahimi.