Un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé hier, au niveau d'Alger-Centre où devrait se tenir un rassemblement des familles de disparus. Tôt dans la matinée, des centaines de policiers ont bouclé les accès aux lieux où étaient prévus les deux rassemblements. Près de quarante personnes ont été embarquées par les policiers. Des dizaines de mamans, épouses, filles de disparus ont organisé, hier, deux rassemblements à Alger, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Les femmes présentes sur place, scandaient à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir, pour exiger «la vérité et la justice» sur le sort de leurs enfants. Les deux rassemblements ont duré toute la matinée d'hier, avant d'être «débusqués» par les services de sécurité. Les manifestants scandaient: «Pouvoir assassin» «Ya Nezar ya djazzar ditou wladna madar» ou pire encore «Houkouma irhabiya». «Notre manifestation a été une réussite, on à pu rassembler plus de 80 familles de disparus la plupart d'entre elles ont répondu à notre appel», a indiqué Hacène Ferhati, frère d'un disparu et membre fondateur du collectif SOS Disparus. «Les familles de disparus ont été chassées par les services de sécurité et plus de 20 personnes ont été embarquées par la police», a-t-il encore souligné. «Nos problèmes ne sont pas résolus et c'est notre droit absolu de connaître le sort des nôtres». Il souligne que la mobilisation pour leur cause ne faiblit pas et il en veut pour preuve: «Les mamans et épouses des disparus, le réseau d'avocats, les militants des droits de l'homme, Amnesty International, des députés du FFS, et des associations nous ont soutenus». M.Ferhati rappelle aussi la bataille habituelle des familles victimes de disparitions. «Les parents des disparus sont venus pour réclamer haut et fort la vérité sur le sort de leurs enfants disparus. On ne veut que la vérité, qu'ils nous répondent pour qu'on puisse faire notre deuil et retrouver la paix morale.» Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) affirme: pour sa part, que «les parents des disparus ont le droit absolu de connaître le sort de leurs enfants, ou proches victimes d'une disparition, c'est leur droit légitime de se rassembler pour réclamer des réponses et découvrir la vérité dans un cadre régulier». Il ajoute que «rien de nouveau pour le moment sur les victimes de disparition pour le dévoiler». Par ailleurs, et à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, le collectif des familles de disparus en Algérie a envoyé une lettre au président de la République pour réclamer la vérité sur le sort de leurs proches disparus. «A l'occasion de la Journée mondiale de la femme, nous voudrions vous rappeler qu'il y a vingt ans déjà que nous attendons le retour de nos enfants. le jour ou la nuit, des militaires, des gendarmes ou des policiers en uniforme sont venus les chercher jusque dans leur maison ou sur leurs lieux de travail, et ils les ont emmenés sous les yeux impuissants de la famille, des voisins ou des collègues», ajoutant que: «Vous savez, M.le Président, nous, mères, épouses, soeurs et filles, nous continuerons à attendre, car nous ne pourrons jamais croire, M.le Président, que nos chers disparus sont morts même si ça fait vingt ans.» «Jusqu'à quand allons-nous nous heurter au silence incessant des autorités administratives et judiciaires?», ajoute la même missive adressée au chef de l'Etat.