Le comité a décidé à l'unanimité le rejet du mécanisme ad hoc installé récemment par le président de la République. Les représentants des familles de disparus de quinze wilayas du pays ont procédé, dans la journée d'hier, à l'installation officielle et publique du Comité national de coordination des familles des disparus (Cncfd). Selon les membres de ce comité, qui ont tenu hier une conférence de presse au siège SOS disparus à Alger, cet organe sera le seul porte-parole et représentant des familles des disparus et l'unique intermédiaire entre les vrais concernés par cette question et les autres organismes nationaux et/ou internationaux. Ce comité a décidé à l'unanimité le rejet du mécanisme ad hoc installé récemment par le président de la République, «c'est un organe créé dans le but de faire perdurer le problème des disparus et canaliser la colère des familles, nous rejetons pleinement cette initiative, nous ne désirons pas les indemnités de M.Ksentini, nous exigeons la vérité et la justice», a lancé la présidente de ce comité, Nacéra Yous. Les orateurs ont tenu également à indiquer que ce dispositif n'a pas les pouvoirs de mener une véritable enquête, «il a été constitué sans consultation aucune, ni avec les familles ni avec leurs délégués, nous n'avons plus confiance en ce pouvoir qui ne s'est jamais manifesté disponible à prendre en charge les récriminations formulées par les familles des disparus», a-t-on ajouté. Les responsables de ce comité mènent, depuis quelque temps, une vaste opération de sensibilisation et de solidarité. Une série de contacts avec les candidats à la prochaine présidentielle et avec d'autres personnalités politiques a été d'ores et déjà entamée. L'objectif de ces contacts, selon les conférenciers, est de créer un front pour dénoncer collectivement les «pratiques irresponsables des autorités de la justice». Quant au président de la République, les délégués ont indiqué - d'un air visiblement courroucé - qu'une série de demandes d'audience a été présentée mais aucun écho n'a été réservé à leurs doléances. Dans la journée d'hier, les représentants des familles des disparus ont rencontré le sous-secrétaire d'Etat américain L. W.Craner, la question des disparus a été longuement débattue entre les deux parties. Il semblerait, d'après les membres du comité, que les Américains soient disponibles à aider les autorités algériennes et ce, par des moyens scientifiques, à identifier les corps des victimes découvertes puis enterrées par les services de sécurité. Pour les jours à venir, le comité compte organiser un séminaire à Alger sur la question des disparus, tous les candidats en lice seront invités, et des noms d'autres personnalités figurent aussi sur la liste des animateurs. Un rassemblement devant le ministère de la Justice est prévu également pour aujourd'hui. Les autorités du pays sont donc, et encore une fois, face à la colère des familles des disparus qui ne cessent de réclamer une véritable enquête. Un dossier épineux est une dure épreuve pour l'actuel président et l'heureux candidat du prochain rendez-vous électoral.