Les élections législatives prévues en principe, pour avril prochain, ne semblent guère mobiliser les citoyens. Les partis politiques, ayant pignon sur rue dans la région, donnent également à penser que le rendez-vous électoral ne les concerne pas. De leur côté, les ârchs promettent également d'influer sur ce scrutin. Les prochaines législatives risquent fort d'être «contrariées» en Kabylie, et partout à travers le territoire national. Les élus, approchés, aussi bien d'un parti comme de l'autre, affirment «ne pas encore y penser !» De son côté, l'administration n'a pas encore décidé, apparemment, de sortir la grosse artillerie des préparatifs. Les listes électorales, par exemple, ne sont pas encore révisées. Il est vrai que bien de l'eau coulera sous les ponts du pays, d'ici à avril. Cependant, les partis politiques qui nous ont habitués, par le passé, à «envahir» la scène bien avant le coup d'envoi, laissent à penser qu'ils éprouvent une certaine «frilosité» à y aller. Localement, certes, les deux partis, le FFS et le RCD, animent quelque peu la scène, mais sans plus. Le FFS, qui apparemment travaille sur le long terme, est occupé à revoir son organique, à travers la Kabylie. Même si, de temps à autre, il «s'offre», ici et là, une conférence ou un meeting, les efforts du vieux parti d'opposition sont actuellement concentrés sur le renouvellement de ses instances de base. Le temps est d'ailleurs à cela, au sein de ce parti. Lors du prochain conseil national qui se tiendra au courant du mois de novembre, à Alger, d'importants changements pourraient être annoncés, d'une part et de l'autre, et comme il est désormais, classique au FFS, qui a opté pour la direction tournante, M.Ali Kerboua, l'actuel premier secrétaire, malade et dont l'état a nécessité le «retrait» de la scène politique durant près de quatre mois, pourrait céder son poste à un autre secrétaire national ou militant de ce parti, qui aura à présenter au président, son staff. Il faudra donc attendre la tenue de cette session du conseil national pour être fixé sur la participation de cette force politique aux prochaines législatives. Pour sa part, le RCD qui ne s'est pas encore officiellement exprimé sur les élections, multiplie les sorties en Kabylie. Ses conférences portant sur son nouveau plan dit de «refondation nationale». Ce projet, équidistant de la régionalisation positive prônée par Hocine Aït Ahmed et les thèses autonomistes du MAK, sont ainsi expliquées à la population, lors de ces sorties. Ferhat M'henni, le leader du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie ne semble guère s'intéresser au prochain scrutin. Pour l'heure, le MAK est occupé à préparer fébrilement les textes que les prochaines assises auront à débattre. Reste la donne des ârchs, ces derniers ayant clairement affirmé leur intention de peser sur ces législatives, au cas où la plate-forme d'El-Kseur n'aurait pas abouti. Cependant, soumis à des «vents contraires», connaissant des dissidences ici, des divisions ailleurs, le mouvement semble à la recherche d'un nouveau souffle. Un souffle qu'il peut certainement retrouver, lors de la marche nationale prévue à Ighil-Imoula, pour le 1er novembre prochain. Les véritables «intéressés», les citoyens, quand ils s'expriment sur les élections, ne voient guère, comme le déclarent des habitants de la capitale du Djurdjura: «Si les partis présentent des listes, on ne choisira plus la couleur partisane, mais plutôt l'homme. Et quand bien même, il serait indépendant, nous irons avec lui. Ce qui nous intéresse, c'est la région!» En somme, rien n'est encore acquis. En attendant la veillée d'armes, l'esprit est ailleurs en Kabylie. Pour tous les citoyens, la priorité est que la région retrouve une vie normale, «le reste, on a le temps», conclut un citoyen.