Les Sahraouis qui ont en assez de prendre leur mal en patience avertissent: «Si nécessaire, nous renouerons avec la lutte armée.» Le Maroc ne veut pas entendre parler d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son avenir. Une position qui fait fi de la légalité internationale et qui a, par ricochet, plongé le conflit du Sahara occidental dans un statu quo intenable. Un véritable danger qui menace la stabilité du Maghreb. Une bombe à retardement qu'il faut absolument désamorcer sans tarder. Le représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies l'a dit aux Marocains, les yeux dans les yeux. «La situation dans le région du Sahel et son voisinage rend une solution plus urgente que jamais. À cet égard, j'ai eu des entretiens approfondis avec les dirigeants marocains sur le meilleur moyen de faire avancer le processus de négociation», a déclaré le diplomate américain au cours d'un point de presse organisé à l'issue de son entretien avec le chef de la diplomatie marocaine, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saâd Dine El Otmani, et après avoir rencontré Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement marocain. Les autorités marocaines qui ne jurent que par leur proposition de large autonomie saisiront -elles le message? Christopher Ross a expliqué l'objectif de sa tournée qui doit prendre fin le 3 avril 2013. Cette nouvelle visite dans la région qui doit le conduire dans les territoires occupés, en Mauritanie et en Algérie est «consacrée à la recherche d'une solution à la question du Sahara occidental conformément aux résolutions successives du Conseil de sécurité», a indiqué le représentant personnel du SG de l'ONU, Ban Ki-moon. Les différentes résolutions votées et adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU dont la résolution 2044 qui expirera le 30 avril 2012 demandent toutes et dans les mêmes termes «aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts réalisés depuis 2006 et des développements ultérieurs, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental...». Rabat ne veut pas en entendre parler. Christopher Ross brisera-t-il le mur marocain? La situation est préoccupante. Le feu couve. L'envoyé personnel de Ban Ki-moon avait exprimé, lors d'une précédente visite qu'il avait effectuée au mois d'octobre 2012, sa «forte préoccupation» du statu quo en prévenant que s'il perdurait, «ce conflit pourrait nourrir une frustration croissante et déclencherait de nouvelles violences et hostilités qui seraient tragiques pour les peuples de la région». Christopher Ross sait de quoi il parle. Les Sahraouis qui ont en assez de prendre leur mal en patience avertissent: «Nous continuerons la lutte pacifique pour recouvrer notre indépendance et, si nécessaire, nous renouerons avec la lutte armée pour affronter l'occupation marocaine dans nos territoires», avait prévenu, le 16 mars, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz... L'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU est allé prendre la température dans les territoires occupés du Sahara occidental pour la seconde fois. Il est depuis hier à Laâyoune. Il y séjournera jusqu'à dimanche sous la haute surveillance des forces d'occupation marocaines. Elles avaient violemment dispersé tout rassemblement de plus de trois Sahraouis alors que des affrontements avaient été signalés dans les quartiers de Maâtala, El Qods, Lhaouda, Raha, Linhach lorsqu'il s'y était rendu au début du mois de novembre 2012 (Voir L'Expression du 3 novembre 2012). Tout indique que son rapport qu'il présentera le 22 avril prochain au Conseil de sécurité sera rédigé sur fond de respect des droits de l'homme. Un terrain défavorable à Rabat qui a été épinglé par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture ainsi que de nombreuses organisations internationales de défense des droits de l'homme (Centre Robert Kennedy, Human Rights Watch, Amnesty International...)...