Dans son rapport ayant trait au conflit du Sahara Occidental destiné au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, le Dr Ban Ki-moon, fait le constat que les conditions d'une reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario ne sont pas réunies. Sa conclusion reprend l'avis exprimé par son envoyé personnel Christopher Ross qui, à l'issue de sa première visite dans la région, a estimé «que les positions des parties demeurent très éloignées sur les moyens pour parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable prévoyant l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Ce qui, autrement dit, confirme que c'est l'impasse absolue dans la question du Sahara Occidental. Tout ce que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU a obtenu des parties concernées, c'est leur accord à la tenue «d'une ou plusieurs réunions préparatoires restreintes et informelles». Rien donc qui donne à envisager la tenue d'un cinquième round des négociations engagées à Manhasset. Devant cette situation de blocage, Ban Ki-moon fait la recommandation au Conseil de sécurité de l'ONU de «réitérer son appel aux parties de négocier de bonne foi et sans conditions préalables et de faire preuve d'une volonté politique pour engager des discussions substantielles et assurer le succès des négociations». Il semble que Christopher Ross s'est forgé sa propre vision de la voie à suivre pour atteindre cet objectif, qu'il est «disposé à la soumettre aux parties et au Conseil de sécurité». Faut-il comprendre par là que l'émissaire des Nations unies envisage de relancer les négociations sur une nouvelle base, autre que celle que lui a définie la feuille de route qu'est la résolution du Conseil de sécurité 2008, appelant à des négociations sans conditions préalables en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental ? Si cela devait être le cas, il apparaîtrait évident que l'intransigeance marocaine à ne pas se conformer aux résolutions onusiennes aura une nouvelle fois prévalu. L'ONU et l'envoyé spécial de son secrétaire général ne sont pas sans savoir que les reculades onusiennes devant cette intransigeance marocaine prolongent le statu quo dans le dossier sahraoui, qui se traduit par l'aggravation des souffrances endurées par la population sahraouie, du fait de la répression dont elle fait l'objet de la part du colonisateur marocain. Le Front Polisario ne peut accepter indéfiniment que l'ONU se contente de constater l'impasse du processus de négociation sur le dossier du Sahara Occidental. Sa patience et sa retenue qui durent depuis 1991 arrivent à leur épuisement. Et de cela, Christopher Ross en a été avisé lors de sa tournée. Ne pas tenir compte de cette évolution en faisant comme si le Front Polisario a définitivement renoncé à la lutte armée pour faire triompher le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, fait encourir à la région le risque d'une conflagration inévitable consécutive à une reprise des hostilités entre ce Polisario et l'occupant marocain. Les responsables sahraouis n'ont eu de cesse de mettre en garde la communauté internationale et l'organisation onusienne sur le risque qu'entretient leur permissivité à l'égard de l'attitude du Royaume du Maroc.