Des projets aussi importants les uns que les autres, comme celui relatif à la révision de la Constitution, risquent de passer sans débat Election présidentielle, révision de la Constitution, corruption, mouvements de protestation... Rien ne mobilise la classe politique et le Parlement. C'est une situation politique inédite que vit actuellement l'Algérie qui n'est plus qu'à un peu plus d'une année de l'élection présidentielle de 2014. Une échéance qui devrait enflammer la scène à coup d'annonces, de décisions, de sorties médiatiques et sur le terrain. Mais il se trouve que tous les partis politiques sont bloqués et attendent la décision du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, sur sa volonté de briguer un autre mandat ou pas, pour se prononcer. Autrement, il serait scandaleux pour un pays qui fonctionne selon des règles démocratiques de ne compter aucun candidat partisan à une année seulement d'une échéance aussi capitale que la présidentielle. Pis encore, la majorité des partis politiques est réduite à gérer des crises internes, résultantes de mouvements de redressement au lieu de se concentrer sur l'essentiel, surtout que le pays traverse une conjoncture particulière. Le constat devient encore plus grave car à l'horizon, il y a aussi un projet de révision de la Constitution. Dans une situation normale, on aurait assisté à une profusion d'idées, de propositions, d'alternatives et de débats. Rien de tout cela. Ce vide crée un grave précédent pour la classe politique nationale qui donne une image peu glorieuse de la pratique politique. De ce fait, des projets aussi importants les uns que les autres, comme celui relatif à la révision de la Constitution, risquent de passer sans débat. Le FLN, qui pesait depuis toujours sur la décision politique, est gravement divisé et traverse une crise sans issue depuis plus de trois ans. Le RND vit aussi une crise qui ne trouve pas le bout du tunnel. Divisés, ces partis n'auront pas de rôle à jouer, sinon d'avaliser, par le biais de leur majorité parlementaire, les décisions venant de l'Exécutif. Alors, ces dissensions sont-elles le fait du hasard ou sont-elles programmées? Selon certains observateurs, toutes ces crises organiques sont créées de toutes pièces pour éloigner les partis politiques, notamment le FLN et le RND, des questions de l'heure et faire passer les projets de loi comme une lettre à la poste. Même les partis de l'opposition dite démocratique n'échappent pas à ce «plan» malgré qu'ils n'ont aucun pouvoir d'influencer sur le processus de prise de décision. Le FFS, qui sortait juste d'une crise interne, risque d'en vivre une autre à l'occasion de la désignation d'un successeur au président du parti, Hocine Aït Ahmed, événement qui interviendra à la veille de la présidentielle. Au RCD qui s'apprêtait aussi à proposer un projet de Constitution, un mouvement de redressement est né. Rabah Boucetta, ancien secrétaire national, est sorti du néant, pour prétendre mener un mouvement dont la seule finalité apparente est de perturber la stabilité organique du parti. Les partis islamistes n'arrivent pas, malgré toutes les tentatives, à accorder leurs violons pour réaliser l'union qu'ils appellent de tous leurs voeux. C'est que le travail de fragmentation a fait son effet sur la classe politique nationale. Les partis les plus touchés sont le FLN et le RND qui contrôlent la majorité des institutions. Qui orientera les députés de ces partis dans les débats sur les projets que soumettra le gouvernement au Parlement à défaut d'en proposer? Cette situation est-elle voulue? Lors des débats sur ce qui est appelé réformes politiques, les directions des deux partis ont pesé de tout leurs poids, allant jusqu'à contrecarrer les projets de loi tels qu'adoptés par les Conseils des ministres. Ils ont introduit d'autres articles qui ont chamboulé les textes proposés par le gouvernement. Plusieurs partis les ont alors accusés d'avoir fait avorter les réformes en question. Veut-on donc éviter la répétition d'un tel scénario en semant la division dans ces partis? Ce vide institutionnel concerne aussi le Parlement. Les députés ont, en effet, brillé par leur absence alors que la conjoncture appelle des initiatives parlementaires. Ni les scandales de corruption ni les manifestations d'ordre social ne suscitent leur réaction. C'est tout le pays qui est bloqué.