La proposition de Belkhadem intervient à un moment où la campagne pour l'amnistie générale frise l'«overdose». Le débat sur la nouvelle Constitution est lancé. Les trois partis de l'Alliance présidentielle, sous l'impulsion du FLN vont donner le coup d'envoi à une nouvelle passe d'armes politique sur un sujet très sensible. Réputée jusqu'alors, comme le domaine exclusif du président de la République, la proposition d'amendement profond de la loi suprême de la nation fait donc son entrée sur la scène politique nationale. Une perspective qui promet de chauds débats, non seulement au niveau du personnel politique dans son ensemble, mais au sein même de la majorité présidentielle, dont les visions sur la question peuvent très bien ne pas converger en tout point. En fait, le débat annoncé sur la nouvelle Constitution constitue une autre épreuve pour la coalition au pouvoir. Et pour cause, la lecture que le MSP fait d'un tel amendement retient la nécessité d'accorder plus de prérogatives aux institutions de la République. Abdelmadjid Menasra qui s'est exprimé sur le sujet à notre confrère Al-Khabar, estime d'ailleurs, que le processus de réformes dans lequel s'est engagé le pays, doit déboucher sur une logique de prédominance des institutions sur les hommes. Bien que le point de vue officiel du MSP n'a pas encore été rendu public, comme nous l'a signifié Mohamed Mokri, qui annonce une réunion de la direction du parti dans les prochains jours consacrée à cette question, il semble en tout cas, que la formation de Boudjerra Soltani n'a vraisemblablement pas l'intention de faire de la figuration par rapport à un débat qui a tout l'air de constituer l'un des événements politiques de l'heure. Quant au FLN qui est derrière cette mise sur le tapis du sujet de la nouvelle Constitution, il s'est contenté de planter le décor en explicitant les termes du débat. «Notre régime politique n'est ni présidentiel, ni parlementaire», a déclaré Abdelaziz Belkhadem à notre confrère. Poser la problématique en ces termes, c'est ouvrir le débat sur la nature du système. Pour l'heure, le FLN se contente donc de lancer le ballon est d'attendre la réaction de la classe politique sur la question. En effet, contrairement au MSP qui semble, avant terme déjà, afficher sa préférence, le parti de Belkhadem ne semble pas pressé de dévoiler les siennes. Quant au RND, il accueille la proposition de débat du FLN avec une grande prudence, en n'écartant pas le principe du débat, mais il insistera, par ailleurs, sur le fait qu'une telle décision relève des prérogatives du chef de l'Etat.Cela dit, du seul fait que l'annonce d'un débat ait émané de Abdelaziz Belkhadem qui, en plus de sa qualité de secrétaire général du FLN, occupe le poste de ministre d'Etat, représentant personnel du président de République, l'on est tenté de penser que l'idée de mettre le sujet de la nouvelle Constitution sur la place publique, n'est pas étrangère au chef de l'Etat lui-même. En effet, plusieurs «indiscrétions» ont fait état de l'existence d'un projet de révision de la Constitution, voire sa finalisation. Ces rumeurs se sont faites tellement insistantes que l'on n'a pas hésité à faire le pas et déclarer dans certains salons d'Alger que la mouture du nouveau texte est fin prête et l'on n'attend, en haut lieu, que l'opportunité pour le rendre public. Il semble apparemment que le moment s'y prête et les partis de l'alliance seront chargés d'animer un débat contradictoire, histoire de tâter le pouls de la société politique algérienne, avant de passer à la vitesse supérieure. Il faut dire que la proposition du FLN intervient à un moment où la campagne pour l'amnistie générale a largement pris sa vitesse de croisière et que dans le fond, en tout cas, l'objectif du président de sensibiliser l'ensemble de la population sur le thème de la réconciliation est déjà atteint. Les multiples discours du chef de l'Etat et les sorties sur le terrain des partis de l'Alliance présidentielle, couverture médiatique aidant, risquent même de provoquer une sorte d' «overdose» sur la question. Aussi, est-il venu le temps de mûrir l'autre projet essentiel de la démarche présidentielle pour cette deuxième mandature. Il est évident que le débat sur la nouvelle Constitution sera tout aussi passionnant que celui qu'a vécu la société sur les questions de l'amnistie générale et de la réconciliation nationale. La principale problématique aura trait au régime qui devra gouverner l'Algérie, présidentiel ou parlementaire. Sur le sujet, Bouteflika n'a pas caché sa préférence pour une Constitution présidentielle. Gageons qu'il défendra son idée jusqu'au bout, comme il l'a fait pour la réconciliation nationale. Et au peuple de trancher.