La sortie du parti de Hocine Aït Ahmed est venue ajouter au trouble politique ambiant. Très réticent par rapport aux questions des journalistes, le premier secrétaire du FFS a fini par laisser libre cours à ses analyses et positions à l'occasion de la publication de sa proposition politique de sortie de crise portant fondation de la seconde République algérienne. (Lire l'article de Samir Saâdoune). A propos du terme qualifiant de «clientèle» les personnages et partis mobilisés autour de la présidentielle, le conférencier ne dément pas que certains membres du groupe des onze en font partie même s'il se refuse à le dire, se contentant juste de dire «avoir beaucoup de respect pour certains autres». Il lance même au passage une pique assassine à l'adresse d'un ancien chef de gouvernement pour certaines de ses déclarations concernant la justice algérienne. Sur la lancée, il indique que si la primauté de cette annonce a été laissée au peuple algérien via les médias, des personnalités publiques et des partis politiques seront contactés dans le but d'adhérer à cette démarche. «Après quarante ans d'errements, il est devenu évident que seul un changement radical, qui rendra la souveraineté spoliée au peuple algérien pourra mettre fin à cette crise.» La mise en place, donc, d'un autre groupe, parallèle à celui des onze n'est pas exclue dans un avenir plus ou moins proche puisque Djoudi Mammeri, d'accord pour dire que les événements s'accélèrent à une vitesse vertigineuse. Grande nouveauté dans le discours du FFS, rejoignant quasiment, point par point, celui d'Ahmed Taleb Ibrahimi, le FFS, dans son plan propose à l'armée de «jouer un rôle de premier plan dans la phase de transition», qui «serait la plus courte possible». Il ajoute prôner « son retrait graduel de la scène politique nationale». Pressé de questions à ce sujet, Djoudi Mammeri explique que «l'institution militaire a toujours géré le pays sous des artifices plus ou moins heureux. Les choses n'ont pas changé jusqu'à ce jour». Il s'agit d'une avancée considérable dans les positions du FFS. D'autant que son mémorandum, adressé aux décideurs il y a de cela quelques années, avait fait l'objet d'une sorte de retour à l'en poli, de la part du chef d'état-major, Mohamed Lamari, qui déclarait à cette époque ne pas être concerné par ce genre d'initiatives. Il est vrai que les choses ont évolué depuis. Aït Ahmed, qui fait l'objet d'une plainte de la part de l'institution militaire est toujours prêt à rentrer et à «mouiller le maillot» pour peu que le jeu en vaille la chandelle. C'est ce que déclare le premier secrétaire du FFS qui, en dépit des positions tranchées de son parti, souligne énigmatiquement que «seules les instances habilitées du parti pourront arrêter une position définitive vis-à-vis de la future présidentielle». Entre le boycott, le rejet, la participation ou le soutien à une candidature se rapprochant le plus des positions de ce parti, le FFS semble avoir l'embarras du choix. Un choix, toutefois, qui ne laisse guère de doute aux yeux des observateurs avertis qui savent que ce parti restera en retrait tant que la date du scrutin ne sera pas reportée de quelques mois. Or, même si les propositions du FFS et de Abassi Madani semblent concorder, Djoudi Mammeri se démarque de manière «lapidaire» de celle du président du FIS dissous. «La Constitution que nous proposons et qui établira par exemple l'égalité entre l'homme et la , era très différente de celle de Abassi qui parle comme s'il avait une armée derrière lui alors que nous sommes pacifistes et que nous prônons des changements par la voie du dialogue et de la politique.» S'agissant de la révocation des indus élus, enfin, le premier secrétaire du FFS est tombé à bras raccourcis sur Ouyahia et «les individus avec qui il est en négociation», avant de rappeler les risques pris par les élus de Kabylie pour sauver la cohésion de la nation. «Ouyahia ne touchera pas à nos élus.»