La présidente brésilienne, les présidents chinois, russe et sud-africain et le Premier ministre indien, le «quintet» des Brics L'ambition des Brics est de créer des institutions ou des équipements permettant aux cinq pays de s'affranchir de la domination des pays occidentaux. La banque de développement doit leur permettre de se passer de la BM et du FMI. Les cinq pays émergents des Brics ont bouclé hier leur 5e sommet à Durban, leurs appels à la coopération masquant mal des difficultés à fonder des institutions communes, notamment la création d'une banque de développement, remise à plus tard. L'Afrique du Sud, qui forme les Brics avec le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, espérait beaucoup de la création de cette banque, censée financer une partie des immenses besoins en infrastructures de sa région - une initiative déjà annoncée l'an dernier au précédent sommet en Inde. Mais le président Jacob Zuma s'est contenté d'annoncer le lancement officiel de négociations, et non la création de la Banque comme certains l'espéraient. «Nous avons décidé d'ouvrir des négociations formelles pour fonder une nouvelle banque de développement menée par les Brics, destinée à nos propres besoins en infrastructures qui sont considérables, environ 4.500 milliards de dollars ces cinq prochaines années, mais aussi pour coopérer avec les autres marchés émergents et les pays en développement à l'avenir», a-t-il déclaré devant ses hôtes. «Nous sommes satisfaits par le fait que la création d'une nouvelle banque de développement est viable», a-t-il sobrement noté, sans un mot sur le siège de ce futur établissement que revendique son pays. Les cinq referont le point en marge du G20 de Saint-Pétersbourg (Russie) en septembre, a-t-il ajouté. Le ministre russe des Finances Anton Silaunov a relevé que les pays devraient encore s'accorder sur le montant que chacun est prêt à apporter au capital et sur la répartition des voix. La nouvelle banque devrait être selon les études, dotée d'un capital de départ de 50 milliards de dollars. Soit 10 milliards par pays. Et alors que de nombreux Sud-africains commençaient à se demander comment réunir une telle somme, correspondant à environ 2,5% de leur PIB. Ce sont les Russes qui freinent, proposant une mise de départ de 2 milliards chacun. «Nous croyons que les projets de développement doivent se faire pas à pas», a indiqué le représentant russe pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov. «La banque des Brics doit être une banque de développement, et je crois qu'il est préférable de parler des projets. Et après nous parlerons des sommes nécessaires», a-t-il souligné. Jacob Zuma a sobrement évoqué hier un capital «substantiel et adéquat». «La banque de développement des Brics ouvre les portes vers de nouvelles initiatives de coopération», s'est néanmoins félicité le Premier ministre indien Manmohan Singh. «Aujourd'hui, notre forum est devenu plus cohérent et plus pertinent». Pour le quotidien économique sud-africain Business Day, la banque de développement des Brics sera surtout «symbolique», quand elle sera enfin créée. Et bancale, compte tenu de l'hétérogénéité des Brics. «Le plus gros problème avec ce concept, c'est qu'il semble émaner au moins autant du désir de rivaliser avec la Banque mondiale que du désir d'une institution favorisant les infrastructures supportant le commerce. (...) Et cette décision idéologique est enracinée dans une approche étatiste du développement», a-t-il écrit dans un éditorial. Quant au pot commun dans lequel les cinq pays doivent mettre une partie de leurs réserves de change pour se protéger des retournements de la conjoncture, il ne se montera qu'à 100 milliards de dollars, selon M. Zuma, soit deux fois moins que prévu. Pour lui aussi, les cinq pays feront le point à Saint-Pétersbourg en septembre, a-t-il indiqué. L'ambition des Brics est de créer des institutions ou des équipements permettant aux cinq pays de s'affranchir de la domination des pays occidentaux. La banque de développement doit leur permettre de se passer de la Banque mondiale, et des réserves de change du Fonds monétaire international (FMI). M. Zuma a encore évoqué hier un câble sous-marin de 28.400 km de long pour l'Internet à haut débit qui les relierait entre eux et «va supprimer la dépendance envers les points de connexion des pays développés».