Le chef du gouvernement a proposé, en guise de solution, l'organisation d'un référendum pour trancher le problème. Le dialogue entre Ouyahia et les 24 a buté sur la question relative à l'officialisation de la langue amazighe. C'est ce que nous a révélé, hier, le délégué de Béjaïa, Ali Gherbi, corroboré quelques minutes plus tard par le porte-parole des 24 Belaïd Abrika. Ainsi, Gherbi dira: «Nous avons entamé le débat avec Ouyahia par le chapitre III relatif aux revendications démocratiques et historiques. Mais, nous avons divergé sur le point portant la consécration de tamazight comme langue officielle». Selon un membre des 24, le chef du gouvernement a proposé, en guise de solution, l'organisation d'un référendum pour trancher sur le problème. Dans une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de la réunion, Ouyahia a relevé que «cette question concerne l'ensemble du peuple algérien, souverain, qui est seul habilité à se prononcer sur cette question par la voie exclusive du référendum. Gherbi soulignera, quant à lui, que la dimension amazighe est une attribution du peuple algérien. Suite à cet achoppement, les 24 ont décidé de suspendre le dialogue et se référer à l'interwilayas, qui se tiendra demain à Tizi Rached. A signaler que les revendications contenues dans le document de mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, s'articulent autour de 25 articles. En ces termes, il est exigé de l'Etat qu'il «s'engage à constitutionnaliser tamazight en l'intégrant dans l'article 3 de la Constitution comme langue nationale et officielle». En outre, le mouvement citoyen demande à ce que «l'Etat s'engage à consacrer le caractère amazigh de l'identité du peuple algérien dans la Constitution». Plus loin encore, les archs réclament une reconnaissance de l'Etat dans le sens de l'intégration de la disposition portant statut de la langue amazighe comme langue nationale et officielle dans l'article 178 de la Constitution. S'agissant du premier chapitre concernant les responsabilités de l'Etat dans les tragiques événements du Printemps noir, Gherbi relève la reconnaissance verbale de la part du gouvernement quant à la responsabilité de l'Etat durant ces événements. Il a été convenu que le pouvoir fasse une déclaration officielle dans ce sens une fois le dialogue débouchant sur la signature par Ouyahia du document d'El-Kseur. Désormais, tous les yeux seront braqués sur Tizi Rached où se décidera le sort du dialogue. Le mouvement citoyen qui a arraché déjà le statut national de la langue amazighe parviendra-t-il à chambouler la Constitution? En tout cas, recourir à un référendum pour solutionner cet écueil est antinomique avec le caractère scellé et non négociable de la plate-forme d'El-Kseur. Entre un Ouyahia chevronné et rigoureux et un mouvement résolu voire intrépide, le bras de fer sera impitoyable au palais du gouvernement. En arrachant la 6e incidence, les 24 ont galvanisé la population kabyle qui commençait à se démobiliser après 3 longues années de résistance. La mobilisation ne sera que renforcée par cette question identitaire qui constitue le fond du mouvement des archs. Ni le RCD, ni le FFS, ni les anti-dialoguistes ne peuvent diverger sur la question amazighe. En engageant un débat avec Ouyahia sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, les archs se sont imposés, de fait, comme le principal interlocuteur du pouvoir. L'après-l'Aïd sera, sans doute, la phase cruciale du dialogue.