L'objectif du pouvoir est de ramener la paix et la stabilité dans la région le plus tôt possible. La proposition d'Ouyahia de recourir au référendum pour trancher l'officialiciation de tamazight nous rappelle le discours de Bouteflika en 2001 où il avait émis la même option pour consacrer le statut national de cette langue. Toutefois, la violence et les émeutes à cette époque-là avaient dissuadé le président de la République de mettre en oeuvre sa démarche. L'objectif du pouvoir était de ramener la paix et la stabilité dans la région le plus tôt possible. Ainsi, le premier magistrat du pays proposait aux deux chambres parlementaires un amendement de la Constitution afin de satisfaire cette revendication. Après quelques jours, tamazight accéda officiellement au statut national. Mais, depuis 2001 et jusqu'à 2004 beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. Actuellement, la population kabyle, semble renouer avec le calme. Il y a ensuite cette histoire de divergence entre les différents acteurs dans la région. D'une part, les dialoguistes et leurs rivaux au sein même du mouvement citoyen, ensuite les archs et le FFS, RCD, PT et même le MAK d'autre part. Mais, ces désaccords de tactique n'entament en rien la convergence de toutes ces parties vers la revendication amazighe. Cette donne stratégique peut être exploitée par le mouvement citoyen pour faire une démonstration de force et tenter d'infléchir le chef du gouvernement. En tout cas, le point 8 de la plate-forme d'El-Kseur, objet du désaccord d'avant-hier, est, de fait, scellé et non négociable selon les archs. Entendre par là le rejet de la voie référendaire en guise de solution. Le porte-parole des 24, Belaïd Abrika, en sortant du palais du gouvernement, a qualifié cette revendication comme une réparation d'une injustice historique et d'un déni identitaire. Inébranlable, la figure de proue de la protesta kabyle souligne que la détermination du mouvement reste inchangée et inchangeable quant à la satisfaction pleine et entière de la plate forme d'El Kseur. Quant au chef du gouvernement, en proposant le référendum, il semble utiliser un détour tactique en attendant la réaction de l'interwilayas aujourd'hui à Tizi Rached. Car en engageant un dialogue sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, le président de la République, via Ouyahia, reconnaît, de fait, la légitimité de ce document à exclure après cet accroc. Le porte-parole des 24 a souligné par ailleurs que la plate-forme d'El-Kseur exige un changement démocratique de la nature même du système politique algérien. Pour ce qui est de Tamazight, les spécialistes estiment que le pouvoir, quelle que soit sa couleur politique, ne pourra pas valablement lui accorder le statut de langue officielle tant qu'une version commune moderne de cette langue n'aura pas été aménagée. Les archs sont appelés à établir une distinction claire entre les revendications immédiates et les revendications à long terme. Sauf un changement profond et brusque, la satisfaction des points 8 et 11 peut s'étaler sur des années. Aussi, il est temps que le mouvement citoyen opte pour une stratégie efficace d'alliance avec d'autres forces démocratiques au niveau régional et national pour se prémunir contre toute allégation régionaliste. La suite du processus du dialogue dépend du conclave d'aujourd'hui.