La France n'a pas arrêté sa position sur la levée ou non de l'embargo sur les armes vers la Syrie, estimant qu'il faut d'abord savoir «si on peut avoir confiance» dans l'opposition syrienne, a déclaré hier le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. «Nous devons donner une réponse fin mai. D'ici là, je ne peux pas vous dire aujourd'hui oui ou non», a déclaré à BFM-TV et à RMC M.Fabius, interrogé sur la position que prendrait Paris lors du réexamen de l'embargo européen sur les armes. «Nous n'allons pas livrer des armes si les armes doivent aller aux extrémistes de l'opposition» syrienne, a ajouté M.Fabius, alors que Paris militait fortement ces dernières semaines en faveur d'une levée de l'embargo. «Il faut faire un travail très précis pour voir qui nous avons en face de nous», a souligné le ministre. «Nous avons la semaine prochaine à Londres une réunion, et nous avons demandé que soient présents Moaz Al-Khatib (chef de l'opposition syrienne), Ghassan Hitto (Premier ministre par intérim élu par la Coalition nationale de l'opposition) et Selim Idriss (chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles)», a indiqué M.Fabius. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, doit accueillir à Londres les 10 et 11 avril ses homologues des autres pays du G8. «Nous allons avoir en face de nous ces interlocuteurs pour nous faire une idée sur est-ce qu'on peut avoir confiance, est-ce qu'on peut trouver une solution politique», a souligné M.Fabius, confirmant en creux les doutes des capitales occidentales sur l'opposition syrienne, divisée et mal organisée. «Si les choses continuent comme aujourd'hui, la Syrie va exploser, avec d'un côté un arc irano-syrien et de l'autre les extrémistes sunnites, Al Qaîda. Si on veut éviter cela il faut une solution de transition politique entre les gens raisonnables de l'opposition et certains éléments du régime, mais pas Bachar» al-Assad, a répété M.Fabius. La semaine dernière, le président français François Hollande avait mis un frein à l'éventualité d'une livraison d'armes aux rebelles en estimant que Paris n'avait pas «la certitude» que l'opposition modérée contrôlait la situation sur le terrain et en insistant sur le risque que les armes tombent aux mains des extrémistes.