Les spécialiste soulignent l'urgence d'établir un plan national du cancer. L'Algérie fait partie de la liste des pays ayant le plus fort taux d'incidence du cancer de la thyroïde. Un drame réel est vécu par les patients en raison du manque flagrant d'infrastructures et de moyens de prise en charge. On ne dispose même pas d'un registre national du cancer pour avoir des statistiques fiables. Selon les statistiques du centre Pierre et Marie Curie (CPMC) 390 nouveaux cas ont été enregistrés en 2012. Des spécialistes ont indiqué que le cancer de la thyroïde est en hausse et le nombre de patients est en nette augmentation, notamment chez la femme. A Alger seulement, il est d'une prévalence estimée à 11 nouveaux cas sur 100.000 femmes! Ce type de cancer mortel chez la gent féminine occupe la 2e position après le cancer du sein après avoir été au 5e rang il y a quelques années, alors que chez les hommes, il vient au 13e rang en termes des cancers les plus fréquents. Ce qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et un diagnostic précoce et l'étude des facteurs à risque par région. Le chef de service au CPMC, le Pr. Mourad Semrouni, a insisté sur l'importance d'accompagner le corps médical dans sa mission en lui donnant les moyens nécessaires et suffisamment de médicaments pour traiter efficacement les malades afin d'éviter le drame du cancer du sein. Lors d'une rencontre organisée hier à Alger par l'Association algérienne d'endocrinologie et métabolismes, des spécialistes ont informé qu'une étude est en cours sur la base des échantillons prélevés dans les wilayas de Blida, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Chlef, Alger M'sila et Illizi pour bien cerner cette pathologie. Cette dernière doit être généralisée pour toucher toutes les wilayas du pays. «Toutes les wilayas doivent avoir leur registre du cancer et surtout avoir des moyens pour le publier tout en faisant savoir que les registres d'Alger, de Sétif et d'Oran sont déjà validés par l'OMS», ont-ils souligné. Ayant pour objectif d'aider les services en difficulté, cette rencontre a été une occasion pour les spécialistes d'exposer les principaux problèmes rencontrés. Ainsi, ils ont soulevé le problème de la prise en charge qui fait défaut. Le nombre de patients est en augmentation et il est vraiment difficile de les prendre en charge en vue du manque de structures. Ces derniers consistent principalement en l'indisponibilité des chambres plombées, la non-uniformisation de la prise en charge CDT, le retardement des rendez-vous pouvant aller jusqu'à une année, des problèmes de coordinations entre les différents services et le transfert des malades. Toutefois, le manque de la scintigraphie par balayage représente un sérieux problème qui menace la vie des patients dont 89% le font chez des privés. Un test qui coûte excessivement cher, 15.000 DA, alors que normalement ce type des pathologies est pris en charge par la Cnas! Il est à noter par ailleurs que cette rencontre a été marquée par l'absence des instances administratives. Des spécialistes ont ainsi déploré ce fait. «En réalité, on ne manque pas de moyens, il manque la volonté et la dissociation des intérêts personnels et l'intérêt public», ont-ils regretté, tout en indiquant qu'«il faut avoir une volonté politique pour avancer les choses parce que le politique est beaucoup fort que le scientifique». Malheureusement, il n'y pas de continuité en Algérie, les lois et les textes changent en fonction des responsables et c'est le patient qui le paie trop cher: par sa vie!