La troisième guerre mondiale (qui, à n'en pas douter, serait nucléaire) aura-t-elle lieu? Il est plus que probable qu'il n'en sera rien, mais entre-temps, la péninsule coréenne sera le théâtre de manoeuvres forts compliquées entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. L'actuelle crise nord-coréenne - certes plus sérieuse que ses devancières - du fait même de l'imprévisibilité de son jeune et nouveau président, Kim Jong-un - qui n'a rien à perdre, mais tout à gagner dans son épreuve de force avec la superpuissance américaine - met en exergue le fait, outre la dangerosité de la situation, que la dite «communauté internationale» n'a tiré aucune leçon des précédents qui ont mis le monde au bord du gouffre. Cela est dû essentiellement au fait que les rapports entre nations sont aujourd'hui obsolètes, alors que ledit «droit international» n'a plus la signification que ses auteurs lui ont donnée au sortir de la Seconde Guerre mondiale et, surtout, ne protège pas - sinon plus - les nations faibles contre le diktat des puissants. Or, aujourd'hui, nonobstant les provocations - souvent délibérées - la réalité est que le droit du plus fort étouffe les pays et ne laisse aucune alternative aux Etats et aux nations pour se développer normalement, de profiter du progrès comme de le faire partager par leurs populations. Dès lors, il est facile de jeter la pierre et l'opprobre sur des pays asphyxiés par les sanctions d'une organisation des Nations unies - désormais plus au service des puissants que régulatrice des rapports entre les nations dans le cadre de sa charte fondatrice - conjuguées à celles qu'infligent ces mêmes puissances à des pays qui ne savent pas, n'ont pa su, rentrer dans le rang. Nous avons certes, la Corée du Nord, mise à genoux par les sanctions occidentales et onusiennes, il y a également l'Iran, la Syrie ou hier l'Irak - pour les mêmes motifs imputés aujourd'hui à Pyongyang et à Téhéran, singulièrement - qui montrent combien les deux grandes guerres que notre civilisation a vécues le siècle dernier n'ont été d'aucun effet ni enseignement pour les peuples d'aujourd'hui qui continuent à reproduire les mêmes erreurs avec les mêmes effets nuisibles. L'Irak a été détruite par les Etats-Unis, car ce pays était soupçonné de détenir des armes de destruction massive (ADM). La même accusation est reconduite envers l'Iran sur lequel pèse la suspicion de vouloir se doter de l'arme nucléaire. La Corée du Nord a, pour sa part, pris les devants non seulement en procédant à des essais nucléaires annoncés officiellement, mais aussi en se déclarant «puissance nucléaire». C'est légal et légitime, dès lors que ce pays joue cartes sur table. En fait, Pyongyang signifiait clairement aux tenants de l'ordre mondial établi qu'elle les «tenait par la barbichette» et que s'il y a menace, la Corée du Nord serait prête à larguer ses bombes atomiques sur des cibles précises, même s'il est entendu qu'il n'y a pas photo entre l'arsenal nucléaire américain (en particulier) et celui que détient, ou pourrait détenir la Corée du Nord. Ceci étant, il appartenait dès lors à l'ONU (via l'Aiea, Agence onusienne de l'énergie atomique) d'en prendre acte et d'avoir les mêmes rapports avec ce pays que ceux qu'elle entretient avec les cinq puissances nucléaires déclarées (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et les trois pays qui ne le sont pas moins, qui se sont dotés de l'arme nucléaire (Inde, Pakistan et Israël). Or, ce sont les sanctions orientées que la dite «communauté internationale» (en fait l'Occident, qui détient les connaissances scientifiques et technologiques, mais ne s'interdit pas de perfectionner ses ADM) impose à la Corée du Nord - le pays le plus pauvre du monde - qui l'ont contrainte à consacrer l'essentiel de ses avoirs et moyens à sa défense en se dotant d'armes qui assurent son indépendance face aux oukases des puissants. Or, la même chose risque de se reproduire avec l'Iran, également poussé dans ses derniers retranchements par ce même Occident qui, sans état d'âme, absout Israël de tout contrôle international et lui permet d'avoir un arsenal nucléaire, étant ainsi le seul pays détenant clandestinement la bombe atomique, sans avoir à en rendre compte aux institutions supposées contrôler cet aspect de la sécurité du monde. Bien sûr, nous dit-on, Israël a le droit de se «défendre». Pas la Corée du Nord et l'Iran - ni d'ailleurs les Palestiniens - auxquels l'Occident impose une guerre sans nom avec les dérapages, désormais nucléaires, que cela pourrait induire. Le deux poids, deux mesures, c'est cela la loi des puissants.