Ebranlés par l'onde de choc de la première bombe atomique nord-coréenne, Américains et Européens cherchent une riposte. L'Occident se tourne vers la Chine pour trouver une solution à la crise née suite à la possession de façon officielle de l'arme atomique par la Corée du Nord. L'essai concluant effectué lundi dernier par ce pays, a fait réagir le monde entier. Surpris par la capacité avérée de ce dernier îlot du stalinisme, en butte à une crise sociale et économique sans précédent, de produire l'arme fatale, les pays voisins s'en remettent aux puissances mondiales pour se prémunir contre une éventuelle agression. La Corée du Nord, faut-il le rappeler, est en pleine guerre froide avec le Japon et la Corée du Sud, les deux pays alliés des USA dans la région. Face à la pression exercée par l'administration Bush, le régime communiste de Pyongyang ne s'est pas fait d'illusion pour choisir la riposte malgré un dur embargo, décrété par les Américains depuis plusieurs années, et portant sur tout matériel ayant une relation avec la technologie nucléaire et touchant même aux finances, puisque les avoirs des Nord-Coréens dans les banques étrangères ont été gelés par Washington. Aussi paradoxale soit-elle, cette situation met en demeure les Etats-Unis d'Amérique de trouver d'autres moyens susceptibles de faire pression sur ce petit pays d'Asie, rebelle, afin de le forcer à céder et renoncer à sa politique de promotion de l'arme nucléaire. Le présent danger est perçu par la communauté internationale dans le fait de voir cette nouvelle puissance nucléaire, invité surprise du club restreint des détenteurs de cette arme de destruction massive, jouer le rôle de promoteur de la bombe atomique auprès d'autres pays candidats à son acquisition, et plus grave encore, de nouer des relations avec des entités terroristes en vue de tirer des dividendes matériels en contrepartie de la vente de telles armes très convoitées. C'est cette crainte qu'a voulu exprimer le chef de la diplomatie nippone, en visite éclair en Chine, Taro Aso, qui a déclaré que l'essai nucléaire nord-coréen «signifie que la technologie et le matériel nucléaire eux-mêmes, vont proliférer et pas uniquement dans cette région». Un message destiné à mobiliser l'ensemble de la communauté internationale pour faire pression sur ce pays voisin, devenu menaçant. Son premier interlocuteur n'est autre que son homologue chinois, Li Zhaoxing, dont le pays entretient de bonnes relations avec la Corée du Nord. La Chine est appelée donc à jouer un rôle de premier ordre dans le règlement de cette crise. Son statut de protecteur et de soutien au régime de Pyongyang lui confère des atouts, aujourd'hui, recherchés par tous. Pékin a toujours vu d'un mauvais oeil les sanctions économiques décrétées par l'Occident contre son allié affaibli et classé par les USA dans l'axe du mal, parmi les régimes à abattre. Le Conseil de sécurité que préside actuellement le Japon est appelé à se prononcer incessamment sur la nature des sanctions à infliger au régime frondeur de Pyongyang. Pour tenter de contenir la crise, Pékin envisage de dépêcher un émissaire doté de pouvoirs élargis afin de convaincre les autorités politiques et militaires nord-coréennes de ne pas attiser les tensions. Ce souhait est exprimé de façon pressante par l'ensemble de la presse européenne qui voit en la Chine, l'émissaire providentiel pour négocier avec la nouvelle puissance nucléaire asiatique. Les médias du Vieux Continent ont déjà tiré l'alarme en qualifiant le geste de Pyongyang de «défi» qui a provoqué «une onde de choc mondiale», en liant l'événement aux discussions actuellement bloquées avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire. De nombreux journaux ont insisté sur le danger de voir cette technologie meurtrière tomber aux mains de groupes terroristes, d'autant plus que la Corée du Nord vit une faillite économique, donc vulnérable face à la tentation de jouir des finances florissantes occultes. Sans le dire, il est sûr qu'Al Qaîda est placée comme un éventuel candidat à l'acquisition de cette arme de destruction de masse. Ce qui donne déjà des frissons dans le dos des faucons et stratèges de la Maison-Blanche qui ont des armées en action en Irak et en Afghanistan et directement concernés par la guerre avec les islamistes. Le quotidien anglais, le Financial Times, cite franchement la Chine comme étant le détenteur de la «clef pour régler cette crise nucléaire» alors qu'en France le Figaro parle de «fiasco diplomatique» pour Pékin qui ne peut «ignorer la menace» qui se présente à ses portes. En Espagne, El Pais considère que si le Conseil de sécurité de l'ONU «n'agit pas davantage dans les prochains jours pour lier les pieds du petit ´´grand homme´´ de Pyongyang, nous pouvons nous attendre à des temps très inquiétants». De son côté, le quotidien berlinois (Allemagne) Tagesspiegel a titré, dans son édition d'hier, «la bombe atomique nord-coréenne bouleverse le monde» et juge qu'il y a «des parallèles étonnants avec la crise iranienne» et Die Welt s'est intéressé au rôle de la Chine, «modérateur des négociations et parrain de la Corée du Nord» qui a aujourd'hui perdu la face, une intention à peine voilée de rendre le membre influent du Conseil de sécurité responsable de la menace qui plane sur le monde moderne. Cette analyse est partagée par le journal français Libération aux yeux de qui «la Chine, qui se faisait forte de calmer le dragon enragé, (...) est aussi la seule qui pourrait concrètement le pénaliser». Mais elle «ne fera rien» à moins de «prendre peur». L'Occident a peur et demande à la Chine de dompter les fantômes de Pyongyang.