Branle-bas de combat dans les états-majors militaires asiatiques et euro-américains, le nez pointé vers le ciel en quête du présumé missile censé être lancé par la Corée du Nord. Alors que le président américain, Barack Obama enjoignait, vendredi, à Pyongyang de renoncer au lancement de ce missile «provocateur», Tokyo annonçait hier que la Corée du Nord a procédé à l´envoi d´un «objet volant» dans l´espace. Information qui s´est avérée infondée. Tout ça pour dire la fébrilité, sinon l´inquiétude, dont font montre depuis quelques semaines les principaux pays de l´Occident en sus de la Corée du Sud et du Japon - ce dernier menaçant même d´abattre un éventuel missile nord-coréen - à l´idée que cet engin ne soit pas ce qu´affirme Pyongyang, un satellite de communication, mais un missile pouvant atteindre les territoires japonai et américain, notamment. En fait, à l´instar du dossier nucléaire iranien - en cinq ans d´enquête l´Aiea (Agence onusienne de l´énergie atomique) n´a toujours pas détecté un lien militaire pour le nucléaire iranien - les recherches nucléaires et spatiales nord-coréennes inquiètent. De fait, toute recherche scientifique pointue - de l´Iran à la Corée du Nord en passant par tout pays en rupture ou ne disposant pas du blanc-seing de ceux qui se sont autoproclamés «gendarmes de la recherche scientifique» - menée ailleurs qu´en Occident, reste suspecte. Pas tant du fait de la fabrication d´improbables armes de destruction massive qui, définitivement, resteront mineures face à l´arsenal (nucléaire, biologique, chimique) détenu par les Etats-Unis et Israël notamment, mais surtout du fait de l´acquisition, à terme par ces pays, d´un savoir scientifique leur ouvrant la voie à des recherches spatiales et même militaires indépendantes. Or, les Etats-Unis et Israël, singulièrement, veulent conserver le monopole du savoir et de la puissance destructive laquelle est certes conditionnée par un savoir-faire scientifique. L´exemplarité en est donnée par les deux attaques menées contre l´Irak en 1981 et en 1991 respectivement par Israël et les Etats-Unis. Le premier en bombardant en 1981 la centrale nucléaire de Tamuz près de Baghdad, le second par la destruction systématique, lors de la première guerre du Golfe, des universités et centres de recherche irakiens. Les «cols blancs» irakiens ont alors payé le prix fort de l´interdit scientifique imposé à leur pays par Washington. Avec Téhéran et Pyongyang, c´est encore cette logique qui est mise en avant prétendant exclure les pays «non autorisés» à l´accès à la connaissance scientifique sous toutes ses formes. De fait, le président américain Obama, dans le discours prononcé vendredi à Strasbourg (France) encouragea d´un côté les Européens à renforcer leur défense, enjoignant de l´autre à la Corée du Nord de stopper immédiatement le lancement de son missile «provocateur» doutant des intentions nord-coréennes. En réalité, Américains et Européens autant que Japonais et Sud-Coréens ne veulent aucunement que d´autres pays puissent acquérir la technologie spatiale (les pays ayant des pas de tirs de fusées se comptent sur les doigts d´une seule main et sont en majorité occidentaux) qui nécessite de très hautes capacités techniques et technologiques monopolisées par les seules puissances industrielles occidentales. Israël, qui possède un arsenal nucléaire qui n´inquiète pas outre-mesure les censeurs occidentaux, contrôle scrupuleusement toutes les recherches scientifiques des pays arabes et musulmans, passant même à l´acte (destruction de la centrale Osirak à Baghdad, bombardement d´un site suspect en Syrie en 2007) et menaçant d´intervenir militairement en Iran sans susciter de réserves. Aussi, tant que les pays du Sud n´inverseront pas ce rapport de force qui leur est négatif, ils resteront sous les injonctions de ceux qui disposent du savoir.