Cela n'empêche pas le groupe des onze d'élaborer un mémorandum relatif aux dépassements du président, et qui sera transmis à l'ANP. Non sans prendre la précaution de préciser ne pas avoir autorité de s'exprimer au nom des onze, Mokdad Sifi est revenu longuement sur ce sujet qui continue de déchaîner les passions. Cet ancien chef de gouvernement estime ainsi que «ce groupe, venu prévenir la fraude et faire en sorte que la présidentielle à venir se déroule dans les meilleures conditions possibles, ne constitue en rien un front anti-Bouteflika», comme se plaisent à le décrire la plupart de ses détracteurs. Il ajoute qu'«en dépit des divergences de fond entre les membres de ce groupe, ils n'en sont pas moins d'accord sur la nécessité de permettre au peuple de s'exprimer souverainement et de choisir librement et démocratiquement ses dirigeants». Pour revenir sur le retrait de l'institution militaire de la scène politique, il précise que «cette démarche que nous applaudissons, n'en génère pas moins de graves problèmes puisque le pouvoir exécutif a toute latitude à présent pour frauder et garantir un passage en force pour un second mandat de Bouteflika». C'est sous cette optique, et à la lumière de la dernière sortie du chef d'état-major de l'ANP que «la réunion de ce mercredi du groupe des onze au siège du MSP va s'atteler à rédiger un mémorandum relatif à l'ensemble des atteintes à la Constitution commises par le président Bouteflika. Le document sera remis à l'ensemble des institutions». Sifi confirme que ce mémorandum sera aussi bien remis aux présidents du sénat et de l'APN qu'à l'institution militaire. «Il s'agit pour nous d'expliquer les risques encourus et de mettre chacun face à ses responsabilités historiques.» Il en est attendu beaucoup de choses même si les activités du groupe des onze ne vont pas se confiner à de simples états des lieux. Venu pour constituer un front, le plus large possible contre la fraude, le groupe des Onze, qui relève les dérives passées, s'indigne par la voix de Sifi à propos de la prochaine présidentielle: «Ne jouons pas notre avenir à pile ou face!» De par la composante humaine de ce groupe, il semble qu'il ait le pouvoir de provoquer une large mobilisation citoyenne autour de lui. C'est ainsi que «le meeting populaire prévu lundi prochain à la salle Atlas de Bab El-Oued devrait être suivi par d'autres à travers tout le territoire national». Lors de pareilles rencontres directes avec le peuple, «nous comptons dénoncer le pouvoir de la moubayaâ, des ministres coopérants techniques, des aberrations politiques qui font qu'un parti majoritaire soit dans l'opposition et qu'il ne dispose même pas du pouvoir d'aller vers une motion de censure contre le gouvernement, aux mains de partis minoritaires». Actuellement, Sifi précise que «tous les scénarios sont prévus, y compris la possibilité de se retirer dans le cas où le pouvoir persiste dans sa fuite en avant». Sifi précise à ce sujet, que Djaballah, qui faisait partie du groupe des Six en 1999, soutient les actions de l'actuel groupe des onze même s'il refuse de le rejoindre à cause de certaines personnes qui le composent. Ainsi, et face aux dangers encourus par le pays, le président du mouvement Islah pourrait prendre la même décision en cas de nécessité absolue, plutôt que de se borner à jouer le rôle de lièvre du président Bouteflika. Sifi, qui souligne que l'évocation d'une candidature commune en vue de faire barrage à Bouteflika n'a pas été évoquée par le groupe, ajoute que «les personnes ne comptent pas autant que leurs actes et les conséquences pouvant en résulter». En conclusion, Sifi a précisé que «le problème qui se pose présentement en Algérie ne réside pas tant dans les lois et leurs mécanismes que dans leur application effective».