L'armée irakienne au centre des accusations sur l'enchaînement des violences depuis mardi dernier L'attaque la plus meurtrière a touché la mosquée Al-Koubaisi dans le sud de la capitale, où quatre personnes ont péri et 36 ont été blessées, selon des sources médicales. Quatre personnes ont été tuées hier dans des attentats visant des mosquées sunnites de la région de Baghdad, au quatrième jour d'une vague de violences sanglantes en Irak liées à des manifestations contre le gouvernement. Au total, 195 personnes ont péri dans ces violences et plus de 300 ont été blessées depuis mardi à travers le pays, dont une partie dans des heurts entre forces de sécurité d'une part et manifestants et hommes armés sunnites d'autre part. Hier, à l'issue de la prière hebdomadaire, des attentats à la bombe ont fait quatre morts et 50 blessés dans quatre mosquées de la région de Baghdad, ont indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur et des sources médicales. L'attaque la plus meurtrière a touché la mosquée Al-Koubaisi dans le sud de la capitale, où quatre personnes ont péri et 36 ont été blessées, selon ces sources. Mardi, des attentats contre des mosquées sunnites avaient déjà fait 13 morts. La vague de violences a débuté mardi à l'aube après un assaut des forces de sécurité contre un rassemblement de manifestants anti-gouvernement près de Houweijah (nord). Cinquante-trois personnes ont péri dans les heurts qui s'en sont suivis. Des attaques de représailles et des affrontements se sont depuis succédé à travers le pays. Il s'agit des troubles les plus meurtriers liés aux manifestations hostiles au Premier ministre Nouri al-Maliki lancées fin décembre dans les régions à majorité sunnite de ce pays majoritairement chiite. Depuis quatre mois, des protestataires sunnites réclament le départ de M.Maliki, un chiite accusé d'accaparer le pouvoir et de marginaliser les sunnites. Mettant en garde contre une guerre confessionnelle, deux dignitaires religieux irakiens, Abdelghafour al-Samarraï et Saleh al-Haidari, qui dirigent respectivement des fondations sunnite et chiite, ont appelé les dirigeants politiques irakiens à se réunir (hier après-midi). La rencontre était prévue à la mosquée Oum al-Qoura, à Baghdad, à 17H00 (14H00 GMT), mais il n'est pas clair dans l'immédiat qui va y participer. M. Maliki a lui-même mis en garde jeudi contre les tentatives de raviver «la guerre civile confessionnelle». L'Irak avait connu une flambée de violences confessionnelles en 2006-2007, qui avait fait des milliers de morts, après l'attaque d'un lieu saint chiite à Samarra. Ailleurs, sur le terrain, sept hommes armés sont morts hier matin en menant trois attaques contre les forces de sécurité à Kirkouk (nord), selon un haut gradé et un médecin. Parallèlement, les forces de sécurité ont commencé à reprendre le contrôle de la ville de Souleimane Bek (nord) tombée mercredi aux mains d'hommes armés qui ont finalement accepté de s'en retirer. Ce retrait s'est fait hier matin après un accord conclu sous la médiation de chefs tribaux et de responsables gouvernementaux, ont expliqué deux responsables locaux. L'un d'eux a précisé que des tirs d'un hélicoptère de l'armée avaient fait six blessés tôt hier. Le général Ali Ghaidan Majid avait indiqué mercredi soir que les groupes armés s'étaient vu donner un ultimatum de 48 heures pour quitter la ville, au-delà duquel les forces de sécurité passeraient à l'offensive. Il avait précisé que selon les services de renseignements, quelque 175 hommes armés se trouvaient alors à Souleimane Bek: 25 membres présumés d'Al Qaîda et 150 de «l'Armée des Naqchbandis», un autre groupe sunnite comptant dans ses rangs d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein et qui serait lié au N°2 du régime en fuite, Izzat al-Douri. L'armée a affirmé que son intervention mardi près de Houweijah, à l'origine de la flambée de violences, visait cette «Armée des Naqchbandis». L'ONU avertit que le pays est à un «tournant» L'émissaire de l'ONU Martin Kobler a averti hier que l'Irak était à un «tournant», appelant à la «retenue» après quatre jours de violences qui ont fait plus de 190 morts. «J'en appelle à la conscience des dirigeants religieux et politiques qui ne doivent pas laisser la colère l'emporter sur la paix et doivent faire preuve de sagesse, car le pays est à un tournant», a-t-il dit dans un communiqué.