En sollicitant l'aide d'Alger pour ravitailler ses troupes engagées dans l'opération Serval au Nord- Mali, la France chercherait-elle à impliquer l'Algérie dans sa guerre contre le terrorisme? «Qui peut le plus, peut le moins», dit le dicton. En sollicitant l'aide de l'Algérie pour ravitailler les troupes françaises engagées dans l'opération Serval au Nord-Mali, la France sait que sans l'appui de notre pays, ses forces terrestres et aéroportées seraient confrontées à d'énormes difficultés. Dans un entretien qu'il a accordé, mardi à RFI, le député UMP et membre de la commission de Défense et rapporteur de la mission d'information parlementaire sur l'opération Serval, Christophe Guillloteau, loue le concours logistique et de renseignement algérien. Selon lui, «l'Algérie a apporté ses services en matière de renseignements et de ravitaillement essence pour nos hélicoptères». Répondant aux questions de Charlotte Idrac, l'invité de la radio salue la contribution de notre pays, en indiquant que celui-ci est un partenaire et qu'il est aux côtés de la France. Quelques jours auparavant, l'hebdomadaire Le Point, citant un officier français, avait publié sur son site Internet des informations faisant état de l'approvisionnement en carburant des troupes françaises engagées au Mali. «Les camions citernes du service des essences des armées, intégrés à la brigade logistique, se sont rendus à cinq reprises à la frontière algérienne, par la piste partant de Tessalit, pour aller prendre livraison de centaines de mètres cubes de carburant livrés par l'Algérie», a affirmé le magazine. 350 mètres cubes de kérosène auraient été livrés, au total, aux forces françaises pour approvisionner leurs véhicules blindés et leurs hélicoptères, notamment. Persuadé que le carburant livré par les Algériens est de qualité supérieure, le colonel Jean-Louis Vélut qui répondait à une question de son ministre de la Défense, Jean-Ives Le Dréan, en visite au Mali pour s'enquérir de l'état moral des troupes, a souligné que c'était du kérosène de la meilleure qualité. La coopération militaire entre Alger et Paris semble avoir donné une nouvelle impulsion aux relations bilatérales entre les deux pays. Après l'autorisation accordée aux avions de chasse français de survoler son territoire, voilà que l'Algérie vole, de nouveau, au secours de la France, en lui apportant, cette fois-ci, une aide logistique. D'aucuns critiquent cette aide et soutiennent que l'Algérie a vendu son âme au diable, en prêtant allégeance à la France. Mais pour ceux qui connaissent l'histoire de notre pays et la tragédie qu'il a vécue dans les années quatre-vingt dix, ils savent que l'Algérie est jalouse de son indépendance et que c'est pour la bonne cause qu'elle a répondu au SOS lancé par la France. Depuis l'attaque terroriste de la base pétrolière de Tiguentourine et l'intervention prompte des forces de sécurité, l'Algérie a beaucoup gagné en audience et son expérience en matière de lutte antiterroriste citée partout en exemple. Même les Etats-Unis ont changé de discours, en s'alliant sur Alger. Mieux, ils n'hésitent pas à demander conseil à l'Algérie concernant certaines questions liées à la lutte antiterroriste ou au renseignement. L'Algérie qui a toujours refusé de céder au chantage, en refusant de payer des rançons aux preneurs d'otages, est devenu un exemple, suivi par de plus en plus de pays dans le monde.