«La politique de la peur et de la terreur pratiquée par l'Etat marocain a échoué. Le temps où cette politique se pratiquait à huis clos est définitivement révolu», a assuré le président sahraoui. Les Sahraouis ont célébré, hier, le 40e anniversaire de la création du Front Polisario dans le camp des réfugiés appelé symboliquement Laâyoun, ville occupée par le Maroc. Le décor de cet événement a été planté dès les premières heures de la journée. Des centaines de Sahraouis se sont rassemblés au niveau de la place principale du camp, arborant les drapeaux de la République saharouie et scandant des slogans en faveur de la liberté et de l'autodétermination. Sur la tribune aménagée pour cette occasion, les délégations étrangères venus de plusieurs pays du monde ont pris place, attendant le début officiel des festivités. Il y avait des délégations de la Mauritanie, de la Tunisie, de l'Afrique du Sud, de l'Espagne, de l'Italie, de la Suède, du Portugal, du Mexique, de Cuba, de la Jordanie...etc. La plus nombreuse délégation est constituée par les Algériens. Représentants officiels, représentants de la société civile, des responsables de partis politiques, des députés et des sénateurs ont participé à cette célébration. «Ces moments sont historiques», glisse, entre ses commentaires, l'animateur des festivités. A 9h25mn, le drapeau sahraoui a flotté sur les terres algériennes, en même temps qu'était entonné l'hymne national, suivi d'applaudissements et de youyous de la foule. C'est dans ces conditions que le président de la République sahraouie, Mohamed Abdelaziz, a prononcé son discours, dans lequel il a rappelé le parcours du Front Polisario et résumé ses aspirations d'avenir. Créé le 10 mai 1973 pour combattre le colonialisme espagnol, ce Front fait face depuis, 1975, à la colonisation marocaine et milite pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. «Le Front Polisario est aujourd'hui le fer de lance d'une lutte révolutionnaire ayant pour mission de briser les chaînes du colonialisme, et sortir le peuple des griffes de l'ignorance, du sous-développement, du tribalisme, de la marginalisation, de l'oppression, de la soumission et de lui rendre sa dignité et sa gloire», a lancé Mohamed Abdelaziz. Ce discours a été un procès en règle contre le régime marocain qui, loin de se contenter d'occuper les territoires et de violer les droits les plus élémentaires des Sahraouis, méprise la communauté internationale en piétinant le plan de règlement du conflit adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU en 1991. Ce plan signé par le Front Polisario et le Maroc avait prévu l'organisation d'un référendum d'autodétermination, jamais respecté par le Royaume chérifien. Du haut de sa tenue militaire, le président sahraoui a appelé à l'application de ce plan onusien. «Aujourd'hui, il est temps que la communauté internationale applique cette solution et mette un terme à l'intransigeance et au non-respect des engagements dont est coupable le gouvernement marocain», a-t-il martelé. Il a affirmé la détermination des Sahraouis de poursuivre la lutte jusqu'à la libération des territoires occupés autour du Front Polisario, «unique représentant légitime du peuple». Le président sahraoui ne s'arrête pas à ce niveau de dénonciation contre le régime marocain, accusé d'ailleurs de pousser la situation vers plus de pourrissement, en tentant de dresser son peuple contre les Sahraouis. «Nous regrettons vivement que le gouvernement marocain pousse vers une situation d'instabilité et manipule, par des procédés chauvinistes et racistes, le peuple marocain afin de l'impliquer dans une guerre injuste contre le peuple sahraoui, son frère et voisin», a-t-il accusé. Dans ce contexte, l'orateur a mis en garde les autorités marocaines quant aux conséquences de la poursuite de cette voie «dangereuse» qui conduira, a-t-il soutenu, «à commettre de nouveaux crimes encore plus graves contre ceux déjà commis contre la population sahraoui». Mohamed Abdelaziz a attiré, en outre, l'attention du Conseil de sécurité de l'ONU et la communauté internationale sur la gravité de cette politique «si elle venait à être mise en application par le gouvernement marocain». Il appelle, dans le même ordre d'idées, à la libération des détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines ainsi qu'au traitement de la question des disparus. Dans son discours, M.Abdelaziz a délivré un message d'espoir à ses concitoyens, en évoquant une «victoire inéluctable». «Nous disons aux générations actuelles et aux générations futures que l'avenir sera radieux (...). Les signes de la victoire proche sont visibles à l'horizon», a-t-il clamé, ajoutant: «La politique de la peur et de la terreur pratiquée par l'Etat marocain a échoué. Le temps où cette politique se pratiquait à huis clos est définitivement révolu». L'orateur qui a salué la position algérienne sur la question a assuré qu'une fois indépendante, «la République sahraouie ne sera une menace ni pour le Maroc ni pour les pays voisons».