«L'élection du 8 avril constitue une démarche politiquement irresponsable et moralement indécente.» Comme c'était attendu, le Front des forces socialistes boycottera le prochain scrutin. La décision a été prise à l'unanimité par les membres du conseil national réunis, jeudi et vendredi, en session extraordinaire au siège du parti à Alger. Ainsi, les responsables du premier parti de l'opposition, après deux jours de tractations, mettent fin à une longue période d'attente et tiennent à faire savoir que le maintien, coûte que coûte, du scrutin électoral du 8 avril prochain constitue «une démarche politiquement irresponsable et moralement indécente qui ne mobilise que les cercles du pouvoir, les milieux mafieux et tous les bénéficiaires de la rente pétrolière». Le parti d'Aït Ahmed qui se dit convaincu de l'indifférence «totale» des citoyens à l'égard de ce rendez-vous électoral met en garde contre la colère de la population qui risque de provoquer «des déflagrations dangereuses». A cet effet, les membres du conseil national remettent en selle l'idée du report de l'élection présidentielle et son accouplement avec la mise en place d'une assemblée constituante, laquelle «ouvrira de nouvelles perspectives de paix et de démocratie pour l'Algérie». Rappelons que ladite initiative avait pris effet suite à la convocation par le président de la République du corps électoral la semaine dernière. Chose qui s'apparente, aux yeux des responsables du parti, à une fin de non-recevoir on ne peut plus explicite adressée par les pouvoirs publics à la proposition du FFS. Dans le communiqué sanctionnant les travaux de la première instance du parti, les membres du conseil national, comme à l'accoutumée, s'en prennent vertement au pouvoir qui «cherche, à travers un processus de gangstérisme politico-mafieux, à détruire toutes les libertés démocratiques». Au sujet de la crise de Kabylie et le dialogue amorcé entre le chef du gouvernement et les archs, la position du FFS reste inflexible: «Au moment où les Algériens s'attendent à la prise en charge de leurs aspirations démocratiques», lit-on dans le communiqué, «le pouvoir s'emploie à multiplier les facteurs de confrontations fratricides en réactivant tous les archaïsmes et les extrémismes destructeurs.» Le dialogue avec les archs et l'accord conclu pour la destitution des élus du FFS «en sont les parfaites illustrations», note le communiqué. Dans un message adressé aux membres du conseil national, le président du parti, Hocine Aït Ahmed, tout en rappelant l'évolution de la scène politique depuis 1992, revient sur les sujets d'actualité et affirme que la population est éreintée par les fausses élections et les fausses initiatives qui ont fait de la fausse promesse la seule stratégie de gestion de crise.