Pour son premier scrutin depuis le retrait américain, l'Irak a plongé dans la violence comme jamais auparavant. Les affrontements interconfessionnels ont fait plus de 200 morts et 300 blessés en 4 jours ! Au point de faire sortir l'ONU de son silence. L'émissaire de Ban Ki-moon, Martin Kobler, a appelé à “la conscience des dirigeants religieux et politiques qui ne doivent pas laisser la colère l'emporter sur la paix et doivent faire preuve de sagesse". Une exhortation de plus de la part de l'institution qui a abandonné le pays aux Américains puis aux prédateurs à qui ces derniers ont confié les clefs après leur retrait précipité face au bourbier qu'ils avaient instauré en Irak et dans d'autres régions périphériques par effet domino. Cette énième vague de violences a été déclenchée par un assaut des forces de sécurité, près de la ville de Houweijah, contre un camp monté de manifestants sunnites qui protestent depuis décembre contre le chef du gouvernement chiite Nouri Al-Maliki, provoquant des affrontements armés ayant fait 53 morts, en grande majorité des protestataires. L'assaut a été décidé après la mort auparavant à proximité du camp d'un soldat et le refus des auteurs du meurtre, soupçonnés par l'armée de venir de ce camp, de se rendre. En représailles, le mouvement de contestation de Houweijah composé de tribus hostiles au pouvoir de Bagdad, a basculé entièrement dans les bras de l'armée des Naqchbandis, un mouvement sunnite armé, pour “nettoyer ensemble l'Irak des milices safavides", un terme péjoratif pour désigner les chiites. Cet assaut et les accrochages qui ont suivi ont provoqué une série d'affrontements armés qui ont fait 202 morts et 300 blessés. Le Premier ministre, placé de fait par les Etats-Unis sous un maquillage électoral, a mis en garde contre une nouvelle “guerre civile confessionnelle". Une hypocrisie de sa part car, depuis qu'il est aux commandex, l'Irak, formé de multiples ethnies et confessions et où les chiites sont majoritaires, paye au jour le jour un lourd tribut lors d'affrontements sectaires qui ont commencé en 2006 et 2007, après l'invasion en 2003 du pays par les troupes américaines qui s'en sont retirées fin 2011. Le processus de désagrégation ethnique semble irréversible aujourd'hui. Pour tenter de contenir la dernière grande vague de violences, les dignitaires religieux Abdelghafour El-Samarraï et Saleh El-Haïdari, qui dirigent respectivement des fondations sunnite et chiite, avaient appelé les leaders politiques à se réunir, mais la rencontre n'a pas eu lieu en raison du refus de dirigeants tribaux et dignitaires religieux sunnites d'y participer dans l'immédiat, selon des responsables de Bagdad. Et comme pour marquer l'impossible dialogue, vendredi, ce sont quatre mosquées sunnites à Bagdad et dans ses alentours qui ont été la cible d'attaques, à l'issue de la prière hebdomadaire. “Il s'agit de la crise la plus profonde et la plus dangereuse depuis 1921", a jugé Mouaffaq El-Roubaie, ancien conseiller pour la sécurité nationale, faisant référence à l'année qui a vu naître au forceps l'Etat irakien. Il a prévenu que la situation actuelle pourrait mener à la division de l'Irak où déjà le Kurdistan est plus qu'autonome. En attendant, les Irakiens, toutes confessions confondues, vivent dans l'horreur. D. B Nom Adresse email