Le sort semble s'acharner sur les directeurs français du FMI Une éventuelle mise en examen (inculpation) fragiliserait considérablement la position de celle qui a succédé en juillet 2011 à la tête du FMI à son compatriote Strauss-Kahn contraint à la démission. La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, est convoquée demain pour une audition cruciale devant la justice française qui enquête sur son rôle dans un arbitrage litigieux ayant permis à l'homme d'affaires Bernard Tapie d'empocher 400 millions d'euros. Une éventuelle mise en examen (inculpation) fragiliserait considérablement la position de celle qui a succédé en juillet 2011 à la tête du FMI à son compatriote Dominique Strauss-Kahn, contraint à la démission après une accusation de viol à New York. Fin mars, le FMI avait indiqué continuer d'apporter sa «confiance» à Mme Lagarde, première femme à occuper le poste. Ministre de l'Economie de 2007 à 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde est la cible d'une enquête pour «complicité de faux et de détournement de fonds publics», visant son choix de recourir à cette époque à un arbitrage privé pour solder un vieux contentieux entre l'ex-banque publique Crédit lyonnais et Bernard Tapie sur le rachat d'Adidas. Elle doit s'expliquer demain matin devant la cour de justice de la république (CJR), la juridiction compétente en France pour juger les infractions commises par les membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions. «Mme Lagarde aura ainsi enfin l'occasion d'apporter pour la première fois à la Commission (d'instruction de la CJR) les explications et précisions qui l'exonèrent de toute responsabilité pénale», estimait récemment l'avocat de Mme Lagarde, Yves Repiquet. La directrice générale du FMI, interrogée mi-avril sur les conséquences d'une éventuelle mise en examen sur sa situation, avait assuré ne pas vouloir «spéculer». En septembre 2008, Christine Lagarde s'était longuement expliquée sur ce recours à un tribunal arbitral qui a condamné le Consortium de réalisation (CDR), structure publique gérant le passif du Crédit lyonnais après sa quasi-faillite des années 1990, à verser à M.Tapie 285 millions d'euros d'indemnités (400 millions avec les intérêts). «L'arbitrage permettait de clore l'ensemble des neuf procédures en cours, les deux parties stipulant, dans le compromis, qu'elles acceptaient de se désister et renonçaient à toute instance ou action», déclarait-elle devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale. L'ancienne ministre a toujours justifié l'arbitrage par la volonté de mettre fin à une procédure, selon elle longue et coûteuse, et démenti avoir agi sur ordre de Nicolas Sarkozy, qui aurait voulu ainsi obtenir le soutien de Bernard Tapie, ancien ministre de gauche au début des années 1990 et ex-président du club de football de Marseille (sud), champion d'Europe en 1993. Fin janvier, la directrice du FMI a réaffirmé que ce choix était «la meilleure solution à l'époque». Pourtant il a été largement contesté et au printemps 2011, le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, n'avait pas épargné Mme Lagarde lors de la saisie de la CJR. Il lui reprochait d'avoir recouru à un arbitrage privé alors qu'il s'agissait de deniers publics, d'avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres, d'avoir fait modifier le protocole initial pour y intégrer la notion de préjudice moral - ce qui avait permis aux époux Tapie de toucher 45 millions d'euros - et de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé, alors que plusieurs spécialistes l'y avaient encouragée. La Commission des requêtes de la Cour de justice de la République, en décidant de l'ouverture d'une enquête en août 2011, avait elle-même évoqué un processus comportant «de nombreuses anomalies et irrégularités». Parallèlement à l'instruction conduite par la CJR visant Mme Lagarde, une information judiciaire est ouverte sur le volet non ministériel pour «usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit».