De notre bureau � Paris, Khad�dja Baba-Ahmed Apr�s la catastrophique d�mission en cours de mandat de Dominique Strauss Kahn de la direction du Fonds mon�taire international, sa rempla�ante � ce poste, la Fran�aise Christine Lagarde, vient d��tre rattrap�e par la justice pour son r�le dans le r�glement de l�affaire Tapie-Cr�dit Lyonnais. La d�cision de mettre la toute nouvelle directrice du FMI sous le coup d�une enqu�te glace la droite, qui se terre et observe un mutisme quasi-total, et revigore la gauche qui demande que l�on enqu�te sur les complicit�s de haut niveau (Elys�e) sans lesquelles Lagarde, l�ancienne ministre de l�Economie, n�aurait pas agi comme elle l�a fait. La d�cision de la cour de justice de la R�publique, institution qui juge les ministres en France, est tomb�e tel un couperet sur l�actuelle directrice g�n�rale du FMI : l�ancienne ministre fran�aise de l�Economie est poursuivie pour �complicit� de faux� et �complicit� de d�tournement de biens publics� dans le r�glement du conflit qui opposait Bernard Tapie au Cr�dit Lyonnais. Pour comprendre, r�sumons ce conflit Tapie-Cr�dit Lyonnais qui remonte au tout d�but des ann�es 1990 : en ao�t 1990 Tapie rach�te Adidas � 1,6 milliard de francs mais d�cide fin 2002 lorsqu�il entre au gouvernement Mitterrand de la revendre. Il confie alors cette vente, dont il fixe le prix � 2 milliards FF, � une filiale du Cr�dit Lyonnais. Celle-ci assure en 1993 la vente � �un groupe d�investisseurs derri�re lequel se cachait une autre filiale du Cr�dit Lyonnais. Tapie accuse alors le Cr�dit Lyonnais de d�tenir 20% du capital d�Adidas et d�avoir particip�, par filiale interpos�e, � la vente, ce que nie la banque. Lorsqu�en d�cembre 1994 Adidas est revendu par le Cr�dit Lyonnais � 4, 4 milliards, Bernard Tapie r�clame une part de la plus-value sur la vente. C�est de l� qu�est parti le conflit. Tapie assigne la banque pour faute. La m�diation de l�Etat �choue comme est annul�e en 2006 par la cour de cassation, la d�cision de la cour d�appel qui condamnait la structure charg�e de g�rer le passif du Cr�dit Lyonnais apr�s sa faillite en 1993, � verser 145 millions d�euros de dommages et int�r�ts � Tapie. Sur ces faits, Sarkozy arrive au pouvoir en mai 2007, et c�est en d�cembre de la m�me ann�e que l�affaire Tapie, homme de gauche devenu entre temps ami de Sarkozy, est confi�e par Christine Lagarde, patronne alors du minist�re des Finances, � un tribunal arbitral, une justice priv�e. C�est bien cette derni�re d�cision qui est aujourd�hui au c�ur de l�affaire Lagarde, et ce, d�autant que ce tribunal d�cide que le consortium charg� de la gestion du passif du Cr�dit Lyonnais est condamn� en 2008 � verser 390 millions d�euros � Tapie personnellement ou � ses holdings. En 2010, des parlementaires avaient contest� cette d�cision de Lagarde et si la cour administrative d�appel de Paris a jug� la d�marche de contestation entreprise par les d�put�s socialistes irrecevable, en f�vrier 2011 la Cour des comptes a, quant � elle, estim� que le recours au tribunal arbitral n��tait pas conforme � la loi. La loi fran�aise interdit, en effet, � l�Etat de recourir l�arbitrage et qu�en l�occurrence, l�Etat aurait d� s�en remettre au Parlement pour d�cider ou non de recourir � cette forme de juridiction. Depuis jeudi 4 ao�t, une enqu�te sur Christine Lagarde et ses agissements dans l�affaire Tapie est donc ouverte par la cour de justice de la R�publique. Les charges retenues contre l�actuelle directrice du FMI sont �complicit� de faux� et �complicit� de d�tournements de biens publics�, deux chefs d�inculpation passibles de 10 ans de prison et de 150 000 euros d�amende. �Tout cela illustre la confusion des int�r�ts politiques, �conomiques et financiers qui r�gne au sommet de l�Etat depuis l��lection de Nicolas Sarkozy�, a d�clar�, hier, Jean-Marc Ayrault, patron des d�put�s socialistes � l�Assembl�e nationale. Les interrogations aujourd�hui se focalisent sur les �responsabilit�s au sommet de l�Etat� dans cette affaire qui vient, bien s�r, ternir davantage l�image de l�Hexagone au sein du FMI, m�me si cette instance, dans une d�claration qui a fait imm�diatement suite � la d�cision de la Cour de justice de la R�publique, a inform� que �les Etats membres repr�sent�s au conseil d�administration faisaient confiance � la directrice Christine Lagarde, malgr� l�ouverture de l�enqu�te�.